Plus de 50 personnes ont été tuées jeudi dans une série d'attentats en Irak, dont deux attaques suicide qui ont fait 45 morts près de Kerbala, où sont attendus des millions de fidèles pour un des pèlerinages majeurs du chiisme. Ces attentats portent à plus de 110 le nombre de personnes tuées en trois jours dans plusieurs attaques contre les forces de sécurité et les fidèles chiites. Le Premier ministre Nouri al-Maliki a accusé les «terroristes apostats», terme désignant Al-Qaïda qui est violemment anti-chiite, d'être les auteurs du double attentat et a promis de «les châtier». La nette recrudescence des violences de ces derniers jours contraste avec l'accalmie relative observée depuis la conclusion en novembre d'un accord de partage de pouvoir entre les différentes factions. Ces attentats posent la question de la capacité de la police et de l'armée irakiennes à contrôler le pays à moins d'un an du retrait total des forces américaines. Les deux attaques les plus meurtrières de jeudi ont eu lieu aux alentours de Kerbala au centre du pays où se trouvent les mausolées de deux des imams les plus révérés du chiisme. Un kamikaze a fait exploser son véhicule vers 15h00 à 10 km au nord de la Kerbala, avant qu'un autre ne fasse de même 20 minutes plus tard à 15 km au sud de la ville. Au moins 45 personnes, dont des femmes et des enfants, ont péri et 150 autres ont été blessées. Le premier attentat a fait 20 morts et le deuxième 25 morts, selon des sources hospitalières qui ont précisé que quatre enfants et 20 femmes faisaient partie des victimes. Néanmoins, le bilan est sans doute plus élevé, plusieurs corps n'ont pas été identifiés. Depuis plusieurs jours, des milliers de pèlerins convergent vers Kerbala, la majorité à pied, pour y célébrer l'Arbaïn, qui marquera mardi la fin d'un deuil de 40 jours commémorant le martyre en 680 de Hussein, petit-fils de Mahomet. Ces pèlerinages ont maintes fois été la cible de groupes armés sunnites depuis la chute de Saddam Hussein en 2003. Jeudi, un pèlerin a été tué et neuf autres blessés par une bombe artisanale à Rachid, dans le sud de Baghdad. Un autre groupe a été visé près de Baqouba, à 60 km au nord-est de la capitale, par un attentat qui a fait un mort et trois blessés. Plus tôt dans la journée, deux policiers et une journaliste ont perdu la vie dans un attentat suicide à la voiture piégée contre le siège de la police provinciale à Baqouba. La journaliste, Wejdane Assad al-Joubouri, 34 ans, travaillait pour le bimensuel Iraq al-Moustaqal (L'Irak indépendant). Mère de quatre enfants, elle exerçait son métier depuis 2005 selon sa famille. Au moins 255 journalistes et collaborateurs de médias ont été tués depuis 2003 dans les violences, selon l'Observatoire de la liberté de la presse, une organisation irakienne.