La violence semble bien de retour en Irak après une accalmie de quelques mois suite aux attentats d'hier et de jeudi, portant à plus de 250 le nombre des victimes depuis le début d'avril. Au moins 55 personnes ont été tuées hier par deux kamikazes près d'un haut lieu du chiisme à Baghdad, nouveau signe que l'Irak plonge à nouveau dans la violence aveugle à neuf semaines du retrait prévu des troupes américaines des villes. Le double attentat a eu lieu vers midi (09H00 GMT), peu avant le début de la grande prière du vendredi, alors que des fidèles se rendaient au mausolée de l'imam Moussa al-Kadhim, dans le nord de Baghdad. «Selon nos chiffres, 55 personnes ont été tuées dans l'attentat, dont 20 pèlerins iraniens, et 125 ont été blessées, dont 80 Iraniens», a déclaré un responsable du ministère de la Défense. Un responsable de l'Intérieur a déclaré que l'attentat, «commis sur un marché proche du mausolée» a, lui, fait état de 60 morts, dont 25 Iraniens, et a confirmé le nombre de blessés. «La majorité des victimes sont des personnes qui allaient prier», a-t-il dit. Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière à Baghdad depuis mars 2008 et le second attentat frappant en 24 heures des pèlerins iraniens qui viennent par centaines de milliers chaque année visiter les lieux saints du chiisme en Irak. Le général Qassem Atta, porte-parole des forces de sécurité de Baghdad, a confirmé que deux kamikazes s'étaient fait exploser. Le mausolée de l'imam Moussa al-Kadhim est un des lieux les plus vénérés par les chiites. Ce nouvel attentat porte à plus de 140 le bilan des morts dans une série d'attentats suicide ces dernières 24 heures. Depuis le début du mois plus de 250 personnes sont mortes et près de 650 ont été blessées, faisant remonter la courbe des victimes qui suivait une pente descendante depuis plusieurs mois. Jeudi a été la journée la plus sanglante depuis plus d'un an avec la mort d'au moins 87 personnes dans trois attentats suicide. Un kamikaze s'est fait exploser dans un restaurant de Mouqdadiyah, à une centaine de kilomètres au nord de Baghdad. Le toit du bâtiment s'est effondré, tuant au moins 56 personnes dont 52 pèlerins iraniens, et blessant 63 autres. Cette attaque constitue l'attentat le plus meurtrier depuis le début de l'année en Irak. Par ailleurs, un des chefs d'une milice alliée aux Américains et deux autres personnes ont été tuées en soirée dans la même province de Diyala, dont Baâqouba est la capitale. Enfin, dans l'est de Baghdad, une kamikaze vêtue de la traditionnelle abaya noire s'est mêlée à des femmes et des enfants rassemblés pour une distribution de nourriture de la police. L'attentat a fait 28 morts et 52 blessés. Les victimes sont des policiers et des déplacés fuyant des exactions interconfessionnelles. La journée de jeudi a également été marquée par l'annonce par un porte-parole de la sécurité de Baghdad de l'arrestation d'Abou Omar al-Baghdadi, chef présumé d'Al-Qaîda en Irak. Baghdadi est présenté comme le chef de «l'Etat islamique en Irak», une alliance de groupes sunnites chapeautée par la branche irakienne d'Al-Qaîda qui combattent les troupes américaines et irakiennes. Sa mort ou son arrestation ont toutefois été annoncées à plusieurs reprises dans le passé. Pour le moment le Pentagone n'a pas voulu confirmer sa capture. «L'enquête se poursuit. Je ne peux pas en dire plus à ce stade», a déclaré hier le porte-parole militaire de Baghdad, le général Qassem Atta. La situation s'est nettement améliorée sur le plan de la sécurité en Irak depuis deux ans, à la faveur du recrutement massif par les forces américano-irakiennes de milices formées d'anciens insurgés, connues sous le nom de «Sahwa». Cependant, les régions de Mossoul (nord), Baghdad et Baqouba demeurent le théâtre de violences parfois sanglantes.