Nous nous sommes rendus hier au domicile, sur la route menant vers Sidi Fredj, de Lakhdar Malki, qui a tenté de s'immoler par le feu au siège de la direction générale de la BDL, enveloppé de l'emblème national, avec sa fille Maria, 10 ans, handicapée à 100%. Il habite dans un taudis qui lui sert de «maison», et qu'il partage avec des rats. Lakhdar Malki, 41 ans, marié et père de trois filles, l'une âgée de 14 ans, Maria, âgée de 10 ans et une autre âgée de 2 ans, parle des raisons qui l'ont amené à commettre cet acte. «Je n'ai pas de maison décente, je n'ai pas d'emploi stable, pourquoi ne voudrais-je pas mourir ?», nous lance-t-il. « Je suis agent de sécurité à la BDL depuis 18 ans en tant que contractuel. Je perçois un salaire de misère. Ma fille, handicapée à 100%, a besoin de quatre couches quotidiennement qui coûtent chacune 50 DA. Je suis payé le 28 du mois et dès la deuxième semaine du mois suivant je n'ai plus un sou. Ce taudis que j'habite avec mon épouse et mes trois filles est infesté de rats. Les jours de pluie, nous ne dormons pas. En plus de tout cela, le directeur général de la BDL m'a muté pour me poster à l'intérieur d'un local délabré à Souidania», nous dira-t-il. «Beaucoup croient que j'ai de l'argent du fait que je travaille dans une banque», ajoute-t-il. «Regardez la porte de la cuisine, c'est de là que des rats entrent dans ce taudis», dira-t-il. «En tant que contractuel, je n'ai pas droit à un prêt social», ajoute-t-il. «Barakat dans ce pays», crie-t-il. «Le directeur général de la BDL précédent avait signé ma titularisation mais l'actuel directeur général de la banque a caché le document», accuse-t-il. Comment l'idée de s'immoler par le feu avec sa fille Maria lui est-elle venue ? «Cela fait une semaine que je ne dors plus. Au début, j'ai été au commissariat de police et à la Protection civile pour les informer que j'allais faire une grève de la faim, avant de craquer et de décider de mettre un terme à ma vie et à celle de ma fille», dira-t-il. «Je n'ai pas pu, faute de moyens, venir en aide à ma fille Maria. C'est pour cette raison que la mort ne constituait pas un obstacle pour moi», lance-t-il. Ajouté à tout cela, Lakhdar Malki a une autre histoire avec le problème de logement. «J'ai déposé des demandes de logement avant la naissance de ma fille Maria, mais toujours rien. Pire, en allant me renseigner, on m'a répondu que mon dossier avait été égaré», se plaint-il. Lakhdar Malki nous dira que «le directeur général de la BDL m'a promis aujourd'hui de régler mon problème». Une note d'espoir d'une vie meilleure pour Lakhdar et sa famille.