Au lendemain de sanglants affrontements entre soldats, qui ont fait plus de 20 morts au Soudan, le président soudanais Omar El Béchir a promis samedi «la liberté pour tous» et réaffirmé son engagement de faire du Nord-Soudan un Etat islamique, après l'indépendance du Sud-Soudan. «Nous ouvrons la porte à la liberté, et cette liberté est offerte à tous. Mais si quelqu'un veut créer des troubles, il agira en dehors de la loi», a-t-il averti devant des milliers de partisans réunis à un congrès islamique, à une quarantaine de kilomètres au nord de Khartoum. Son discours était le premier depuis les manifestations organisées dimanche dans le Nord-Soudan pour réclamer un changement de régime, des libertés publiques et des mesures pour juguler l'inflation. M. El Béchir a réaffirmé sa volonté de renforcer la charia, la loi islamique, dans le nord du Soudan, une fois l'indépendance du Sud-Soudan proclamée, normalement en juillet. «99% des habitants dans le nord du Soudan sont musulmans. L'islam est la religion officielle de l'Etat et l'Etat gouvernera en fonction de la charia», a-t-il souligné. La sortie d'El Béchir intervient au lendemain des violents affrontements entre soldats soudanais faisant vingt morts jeudi et vendredi dans la ville de Malakal, au Sud-Soudan. Les combats ont éclaté lorsque des soldats des Forces armées soudanaises (FAS) ont refusé de partir dans le Nord, à la suite du référendum de janvier au cours duquel les habitants du Sud-Soudan se sont prononcés pour l'indépendance. Des hommes des FAS, majoritairement nordistes, et de l'Armée populaire de libération du Soudan (APLS), sudistes, sont stationnés à Malakal. En vue de l'indépendance du Sud, les FAS doivent gagner le Nord et l'APLS rester au Sud. Mais de nombreux membres des FAS sont des sudistes alliés au gouvernement de Khartoum pendant la guerre civile et ils ne veulent pas quitter leur région, ce qui a provoqué les affrontements. Ainsi, la mission des Nations unies pour le Soudan (Minus) a exprimé vendredi son inquiétude sur ces combats internes au sein d'une unité mixte intégrée des forces armées soudanaises au nord de la ville de Malakal. Le 31 janvier, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait exhorté les deux parties à l'accord de paix global qui a mis fin en 2005 à la guerre civile entre le Nord et le Sud-Soudan, à garder leur calme en attendant la proclamation des résultats définitifs du référendum d'autodétermination du Sud-Soudan. Organisé en janvier, le scrutin s'est déroulé de manière pacifique et les premières indications montrent que les Sud-Soudanais ont voté à une écrasante majorité en faveur de la sécession.