Le jeune espoir de Sochaux et international algérien a évoqué, pour le site internet Chronofoot, son plan de carrière, la franche camaraderie qui règne au sein du club et son souvenir de la Coupe du monde 2010 avec l'Algérie. Chronofoot : Sochaux reçoit l'OM ce week-end. Avec quel état d'esprit abordes-tu cette rencontre ? Plutôt inquiet ou au contraire impatient d'en découdre ? Ryad Boudebouz : Je suis ravi de pouvoir disputer une grande rencontre comme celle-là. Après Marseille ou pas Marseille, ça ne change pas grand-chose pour moi. Sochaux est étrangement 1er au classement à domicile et 19e à l'extérieur. Comment expliques-tu un tel écart ? Ça ne s'explique pas. Quand on joue à l'extérieur, j'ai l'impression que l'on est une autre équipe. On perd confiance en nous, on n'arrive à rien. C'est peut-être dans la tête des joueurs. Par contre à domicile ça déroule. Tactiquement, y a-t-il un changement opéré par Francis Gillot ? Non, pas du tout, ce sont les mêmes joueurs. C'est dans nos têtes. Si on avait la même confiance qu'au stade Bonal, nous ne serions pas à cette place-là aujourd'hui (12e en Ligue 1, ndlr). Quand on joue à domicile, on prend plus rapidement confiance. Et puis dès qu'on marque le premier but, ça pousse derrière. Finalement, Sochaux se retrouve dans le ventre mou, à 5 points du premier relégable et à 6 points de l'Europe. Quel est donc le véritable objectif du club ? Le principal objectif reste le maintien. Une fois assuré, nous pourrons viser plus haut. On ne va pas dire qu'on veut aller jouer l'Europe. C'est un discours de façade. Toi, quand tu jettes un œil au classement, tu regardes plus vers le haut ou vers le bas ? Je suis quelqu'un d'ambitieux, donc forcément je regarde vers le haut. Je n'ai pas envie de jouer toute ma vie le maintien avec une équipe. Je veux jouer l'Europe et voir haut. C'est certain qu'à ce jour nous avons fait quelques erreurs qui ne nous permettent pas de viser plus haut. Mais parfois c'est aussi l'arbitre qui ne souhaite pas que nous gagnions, comme le week-end dernier face à Nice. Là, on ne peut rien faire ! Sinon, les autres matches, c'est pour nous. On ne peut rien dire. Sochaux possède beaucoup de jeunes joueurs. Francis Gillot nous expliquait récemment que c'était parfois difficile à gérer. D'ailleurs tu n'as pas été retenu pour le match de Coupe de France face au Paris FC. C'était une sanction ? Oui, c'est une punition par rapport à ma dernière performance contre le PSG. Le coach m'a dit que je n'avais pas le droit de faire des matches comme ça. Et il a raison. Ce n'était pas contre moi, mais pour moi, et pour le collectif. Ça passe plus facilement quand c'est un coach habitué à traiter avec les jeunes joueurs ? Oui, Francis Gillot complète ma formation. Il sait comment parler aux jeunes et travailler avec. C'est plus facile de bosser avec un entraîneur qui veut faire jouer les jeunes et qui s'en occupe. Il y a un autre jeune qui cartonne à Sochaux, c'est Marvin Martin. Marvin et moi, c'est depuis toujours. Je suis arrivé à Sochaux, j'avais 12 ans, lui 14. Marvin c'est comme un frère pour moi. Après les matches, il vient chez moi. Ma mère, c'est comme une deuxième mère pour lui. Ce sont des liens qui se créent en dehors du foot. Et puis sur le terrain, ça se ressent. Quand tu sens un pote dans la galère, c'est plus facile d'aller l'aider. Je connais Marvin très bien, donc c'est plus facile de le trouver. Tu sais qu'un jour, il va falloir couper le cordon ? On aimerait bien encore jouer ensemble dans un autre club, mais s'il faut se quitter, on le fera. Mais ça restera toujours mon meilleur pote. La presse a fait état de plusieurs grands clubs intéressés par toi. Qu'en est-il réellement ? Je ne m'occupe pas trop de ça. C'est mon agent et mes frères qui gèrent ça. Pour le moment, je veux finir la saison à Sochaux, puis ensuite on verra. Si je fais une bonne deuxième partie de saison, on pourra envisager d'aller peut-être autre part. Mais pour le moment, je n'ai pas envie de bouger. Après, c'est certain que j'ai envie de jouer dans un club qui dispute une Coupe d'Europe. N'importe quel joueur a envie de ça. Tu as une petite préférence en France ? Franchement, non. Que ce soit Paris, Marseille, Lyon ou Bordeaux, ce sont des clubs que j'aime bien. S'il y a une proposition un jour j'y réfléchirai très sérieusement. Et à l'étranger ? Angleterre ou Espagne. Je supporte le Real, mais si le Barça m'appelle, je prends le train et j'y vais (rires). En Angleterre, j'aime bien Arsenal, car ça a l'avantage d'être assez francophone. Tu comptes bientôt 100 matches en pro à 20 ans à peine. Ça prouve une certaine maturité chez toi. Envisages-tu de rester encore un peu plus longtemps dans un club plus modeste afin de ne pas te griller ? C'est sûr. Si j'avais voulu partir, j'aurais pu aller à Manchester United. Le contrat était sur la table. J'avais 17 ans. Je n'ai que 20 ans, j'ai encore le temps. Quand je partirai de Sochaux, c'est pour jouer, par pour être sur le banc. Comment définirais-tu ton style de jeu ? A la base, je ne suis pas un milieu excentré. Je joue derrière les attaquants pour faire des passes décisives ou éventuellement finir. Je préfère provoquer. Ce n'est vraiment pas mon poste sur le côté. J'aime bien le style de Ben Arfa et de Messi bien sûr (rires). Sinon, j'aime bien la virgule. Tu as été sélectionné en Espoirs avec la France et pourtant tu as choisi de défendre les couleurs de l'Algérie. Pourquoi ? As-tu eu peur de la concurrence ? Non, c'est un vrai choix du cœur. A 18 ans, il y avait de la concurrence à Sochaux, et ça ne me faisait pas peur. J'étais titulaire en équipe de France et je jouais avec des mecs comme Yacine Brahimi, Mamadou Sakho, etc. C'est le cœur qui a choisi. Tu as été élu meilleur espoir algérien 2010, deuxième meilleur jeune joueur africain 2010. As-tu été surpris ? Je ne le savais même pas, c'est mon frère qui me l'a appris, mais ça fait plaisir. C'est toujours positif de recevoir des trophées, cela signifie que le travail que l'on fournit est récompensé. Tu as également participé à la Coupe du monde 2010. Tu as joué un peu plus d'une heure contre l'Angleterre. Raconte-nous ce souvenir ? C'est un truc de fou ! (rires). L'hymne national, les 85 000 spectateurs, tu défends ton pays en jouant contre des joueurs comme Steven Gerrard… C'est peut-être quelque chose que tu ne vivras qu'une fois dans ta vie. C'est un moment que je n'oublierai jamais. La Coupe du monde, c'est mon meilleur souvenir. Comment vis-tu la situation actuelle en Tunisie et en Egypte ? Oui, bien évidemment que ça m'intéresse. Tous les jours, je regarde les informations pour savoir ce qui se passe là-bas. C'est très triste. Mais il faut comprendre le peuple. Si j'étais dans leur situation, je me demande ce que je ferais. Et que fais-tu de ton temps libre, hormis répondre aux questions des journalistes ? (direct) Je dors ! (rires). Sinon, c'est la Playstation avec mes potes de Sochaux ! Plus on est soudés en dehors et plus c'est facile sur le terrain.