La pièce Puntila et son valet Matti de la coopérative Eddik a été consacrée meilleur spectacle au festival du théâtre professionnel de Sidi Bel Abbès qui a été clôturé jeudi dernier. La pièce, adaptée et mise en scène par Kada Bensmicha, est l'une des œuvres majeures de Berthold Brecht à la thématique relationnelle. Le deuxième prix est revenu à la troupe El Mawdja (Mostaganem) avec son spectacle El Abd, mis en scène par Djillali Boudjemaâ à partir d'un texte de Mohamed Chergui, tandis que le troisième prix a été décerné à la troupe El Naouris (Blida) qui a présenté Sarkhate Ofilia, texte de Khazaâl El Madjidi, mise en scène de Kamel Attouch. La coopérative Eddik accroche ainsi à son palmarès une autre distinction après Don Quichotte, spectacle qui a remporté le Burnous d'Or des 8es Journées nationales du théâtre primé de la Mekerra. Eddik a également décroché en 2006 les prix Fouara Dahabia à Sétif et Garcia Lorca en Espagne ainsi que le grand prix de la 24e édition du printemps théâtral de Hammam Sousse (Tunisie). Par ailleurs, la cérémonie de clôture du festival du théâtre professionnel, qui s'est tenu du 24 avril au 1er mai, a laissé un goût amer chez les professionnels du quatrième art, notamment les membres jury, présidé par M. Othomani. « Le niveau des troupes ne reflète nullement les aptitudes dont dispose le mouvement théâtral », estime M. Chergui en soulignant la prestation « décevante » de nombreuses troupes et la nécessité de réviser le mode de sélection des troupes théâtrales devant prendre part à un festival dit professionnel. « Une sélection plus stricte des productions est à même de permettre une évaluation juste », ajoute t-il. Pour Yahia Benamar, comédien et metteur en scène, « la pratique théâtrale en Algérie demeure otage d'une mentalité féodale qui annihile l'élan de création. A cela s'ajoute une absence de vision qui réduit l'art dramatique à sa plus simple expression », a-t-il confié à la veille de la cérémonie de clôture. « Le théâtre en Algérie fait fausse route », dévisage Kammi Mans, chorégraphe. Pour le commissaire du festival, Hassan Assous, cette deuxième édition du festival du théâtre professionnel s'est déroulée dans des « conditions pénibles en raison principalement de l'insuffisance de financement. Au plan de la participation, le festival a, dit-il, tenté de rassembler le maximum de troupes pour donner des opportunités de rencontre avec le public ». « Le plus important, note-t-il, est d'offrir aux jeunes troupes, à l'image de celle de Hammam Bouhadjar (Aïn Témouchent), la possibilité de se produire aux côtés de troupes plus expérimentées et mieux outillées, artistiquement parlant. J'ai constaté, lors de cette édition,une reprise effective de la pratique théâtrale dans des régions telles que Chlef, Saïda et Adrar », déclare t-il. Selon le commissaire du festival, le nombre de troupes sera revu (6 au lieu de 14) à la baisse l'année prochaine afin d'« élever » le niveau de la pratique théâtrale.