«Je suis Italienne et j'ai été enlevée mercredi 2 février en Algérie. Je suis toujours détenue par Al-Qaïda au Maghreb islamique, bataillon Tarek ibn Zyad. Je demande à Al-Arabiya de communiquer cette information», a déclaré dans un français hésitant l'otage, présentée comme Maria Sandra Mariani. L'enregistrement audio diffusé hier par la chaîne de télévision Al Arabiya donnait la parole à l'Italienne enlevée en Algérie le 2 février dernier à Djanet. L'enregistrement débute par la voix d'un homme parlant en arabe et qui déclare : «Nous, Al-Qaïda au Maghreb islamique, déclarons détenir cette femme depuis le mercredi 2 février et souhaitons qu'elle puisse s'adresser à son chef d'Etat.» Comme cela a été annoncé auparavant, l'enlèvement a été effectué par katibate Tarek Ibn Zyad, dirigée depuis quelques années par Abdelhamid Abou Zeid, succédant, par la force, à la tête de cette phalange, à Mokhtar Belmokhtar, ex- «émir» de la zone 9, alias «Laouer» (le borgne), alias Khaled Abou El Abbès qui, recevant ses ordres directement de Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossab Abdelouadoud, actuel «émir» national du GSPC, poursuit les rapts de ressortissants occidentaux pour l'obtention de rançons. L'«émir» du GSPC avait auparavant, en désignant Abdelhamid Abou Zeid à la tête de cette katiba, ordonné à ce dernier d'évincer Khaled Abou El Abbès, et, si besoin est, de l'éliminer physiquement. Aux yeux de l'émir «du GSPC, l'argent obtenu par le paiement de rançons» valait l'assassinat de Khaled Abou El Abbès, d'autant plus, est-il expliqué, que ce dernier comptait parmi les hommes de l'ex-«émir» de l'organisation, Hassan Hattab, ennemi juré de Abou Mossab Abdelouadoud. Ce dernier avait d'ailleurs tenté vainement d'éliminer Hattab avant la reddition de ce dernier. Une partie de l'argent des rançons est utilisée par les sbires de Mossab Abdelouadoud pour l'achat d'armes, de munitions de guerre et d'explosifs, tandis que l'autre partie est investie dans le blanchiment d'argent au profit personnel d'un cercle restreint d'«émirs», au détriment de leurs éléments dont une bonne partie est étroitement surveillée pour ne pas déposer les armes et se rendre. C'est ce que rapportent des «émirs» repentis. La touriste italienne, Maria Sandra Mariani, 53 ans, une des victimes de l'organisation terroriste, est le premier Occidental kidnappé depuis 2003 sur le sol algérien après l'enlèvement, au cours de cette même année, de 32 touristes occidentaux. Des éléments du GSPC, se déplaçant des monts blancs, à Batna, vers le Tassili, sont tombés face aux victimes, d'où l'idée de les prendre en otages et d'exiger le paiement d'une rançon en contrepartie de leur libération. Le paiement d'une rançon de 5 millions d'euros (l'Allemagne avait démenti le paiement de rançon), a encouragé l'organisation terroriste à procéder à d'autres rapts. «Les assaillants cherchaient un groupe de touristes, avant de confisquer les téléphones et les papiers du guide, du gardien et d'un berger et d'embarquer tout le monde, y compris la touriste vers une destination inconnue», avait d'ailleurs indiqué le directeur de l'agence Ténéré, dans laquelle était inscrite la victime italienne. «Les trois Algériens avaient été abandonnés vers minuit très loin, à proximité de la frontière algéro-nigérienne», avait-il ajouté. Le GSPC, qui adressait d'habitude «exclusivement» ses communiqués et enregistrements à la chaîne satellitaire Al Jazeera, a choisi, cette fois, la chaîne satellitaire Al Arabiya, pour, probablement, «diversifier» les canaux de communication et, de cette façon, engager une certaine «concurrence» qui aboutirait à la médiatisation à outrance de ses activités terroristes, but tant recherché par les «émirs» du GSPC pour tenter de faire oublier leurs défaites militaires sur le sol algérien. Ce qui pourrait être une nouvelle «stratégie de communication» de l'organisation terroriste.