Les locataires de l'immeuble communément appelé «le 12», sis à la rue Ahmed Zandjabil, dans la commune de Bologhine, souffrent depuis plus de 30 ans. Leur vie est en danger parce que la bâtisse risque de s'effondrer à tout moment. A l'entrée de cette vieille construction, on remarque des escaliers endommagés, des fenêtres brisées, des murs délabrés... Nous avons frappé à la porte de Ali, l'un des occupants de l'immeuble. Il témoigne : «Depuis 16 ans, je souffre avec ma famille dans cette chambre qui fait office de logement mal aéré et mal éclairé. Le taux d'humidité est très élevé.» Pour cette raison, la plupart des enfants du bâtiment souffrent d'asthme. C'est le cas de Choaïb, 17 ans. «Chaque soir, je vais à l'hôpital pour une séance d'aérosol. J'ai un problème respiratoire. Cela fait quatre ans maintenant», dit-il. Cette situation est devenue insupportable, d'après les locataires. Le problème se complique davantage, surtout en cas de pluie. Les eaux pluviales parviennent, à travers les fissures, à inonder une bonne partie de leurs maisons, notamment celles des étages supérieurs. Il faut savoir que l'immeuble abrite 20 familles, dont la plupart sont composées de plus de quatre enfants. Zineb est mère d'une famille composée de huit membres. En plus de ses jeunes enfants, elle loue avec son fils marié qui n'a pas encore d'enfants. Elle nous confie : «Nous disposons d'un F1. Après le mariage de mon fils aîné qui n'a pas réussi à avoir un logement, nous avons partagé la chambre en deux. Nous partageons ainsi tous les espaces, la cuisine, la salle de bains, les toilettes...» Le cas de Zineb n'est pas une exception. Toutes les autres familles se trouvent dans les mêmes conditions d'exiguïté et de manque de confort. «Le 12» est devenu un danger public, surtout depuis le séisme du 21 mai 2003. La construction qui date de l'époque coloniale a connu des effondrements partiels. Dans le cadre de la prise en charge des effets du séisme de 2003, les autorités ont évacué les habitants. A l'époque, le nombre des locataires dépassait 20 familles. Les autorités locales les ont provisoirement transférées vers les locaux du conservatoire de la commune. Après, elles ont été invitées à faire un choix : bénéficier d'un appartement de type social locatif, qui serait prêt dans un délai de six mois, ou se voir affecter un morceau de terrain constructible situé dans la commune des Eucalyptus ou Larbaâ. D'après un locataire, un groupe de familles a accepté de prendre en location un logement social, alors qu'un autre groupe a préféré disposer d'un terrain urbanisable. Il reste qu'un troisième groupe a refusé les deux options et a préféré rester sur les lieux. Il s'agit des 20 familles qui logent toujours dans la bâtisse menaçant ruine. Celles-ci ont fini par déposer des demandes de logement social locatif et social participatif. Jusqu'à maintenant, les dossiers demeurent en instance. «Cela fait des années que j'ai déposé mon dossier de logement. Aujourd'hui, je suis fatigué. Je me renseigne fréquemment au niveau de l'APC et de la circonscription administrative de Bab El Oued, et à chaque fois je suis reçu par la secrétaire qui prend mes coordonnées, sans plus», assure un locataire. Le président de l'APC de Bologhine habite dans le voisinage du «12». C'est donc en parfaite connaissance du dossier qu'il en parle au Temps d'Algérie : «Les locataires auparavant ne voulaient pas quitter leur maison quand l'occasion s'est présentée à eux. Aujourd'hui, ils demandent à partir. Cet immeuble appartient à des propriétaires privés. J'ai envoyé plusieurs convocations aux propriétaires leur demandant de procéder aux réparations nécessaires afin de consolider l'immeuble et d'écarter le danger d'effondrement. Notre demande n'a jamais été satisfaite.» Le premier magistrat de la commune avoue ne pas pouvoir faire plus que cela à ces familles, du moins dans l'immédiat. «Dès qu'il y aura des logements sociaux à distribuer, nous traiterons leurs dossiers à travers une enquête. Pour l'instant, les locataires doivent discuter avec les propriétaires dans le but de réhabiliter la bâtisse», ajoute-t-il. Selon lui, le wali délégué de Bab El Oued est venu récemment à Bologhine, dans le cadre du Coville (comité de la ville), où il a organisé une réunion avec les autorités locales et le mouvement associatif, entre autres. A cette occasion, le wali délégué, indique-t-on, a enregistré toutes les doléances des citoyens de la commune, notamment en ce qui concerne le logement et l'emploi. A signaler que l'immeuble en question était une étable. Il porte quatre croix orange et une croix rouge de la direction de l'urbanisme.