Des délégués approchés hier près du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, où se tenait un rassemblement des étudiants des grandes écoles et des universités issus de l'ancien système, ont affirmé qu'«aujourd'hui se tiendra une réunion avec le ministre Harraoubia». En effet, nos interlocuteurs ont expliqué qu'«un haut responsable influent au sein du département de l'Enseignement supérieur a joué le rôle de médiateur. Suite à quoi, une lettre comprenant toutes les revendications des étudiants a été adressée au ministre de tutelle». Toutefois, aucune réponse officielle n'a été communiquée aux délégués. Ceci dit, «rencontre ou pas avec le premier responsable de l'enseignement supérieur, tant que le décret 10-315 n'est pas abrogé, la protesta continuera», précise-t-on. Les étudiants des grandes écoles et de huit universités, qui se sont une nouvelle fois rassemblés dans la journée d'hier devant le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, sont, outre Alger, originaires de différentes wilayas, dont Boumerdès, Tizi Ouzou, Blida, Oran et Jijel. Cette fois-ci, les brigades antiémeutes étaient absentes. Il y avait quelques éléments de police postés à quelques mètres du ministère. En réalité, ils étaient là en tant que «superviseurs», comme nous le confirme l'un d'entre eux. Il faut dire que le rassemblement des étudiants de lundi a fait tache d'huile. «Le comportement des Casques bleus a été inacceptable à plus d'un titre. Lorsque les policiers ont commencé à tabasser les étudiants, nous avons dénombré plus de 20 blessés, sans oublier 5 lors de la journée de dimanche», indiquent des délégués. Dans la journée d'hier, les étudiants de huit grandes écoles (les ingénieurs étaient plus nombreux) et ceux des universités de l'ancien système d'enseignement ont une nouvelle fois crié et mis en relief leurs revendications, ceci pour démontrer leur détermination. Pour rappel, le décret 10-315 relatif à la grille indiciaire des fonctionnaires est rejeté par ces derniers. Ils demandent, tiennent-ils à répéter, «son abrogation». Tel est le mot d'ordre. Dans le cas contraire, ils continueront leur mouvement. «Enquête, mais le mal est déjà fait…» En apprenant l'ouverture d'une enquête par la sûreté de wilaya d'Alger pour faire la lumière sur les fâcheux évènements de lundi, des délégués se sont dit certes «satisfaits de la décision», mais ils estiment que» le mal est déjà fait». «Nous n'avons pas digéré la répression d'hier (lundi, ndlr), d'autant plus que les étudiants ne se sont réunis que pour réclamer un droit. Celui de ne pas se retrouver sans avenir.» «L'Ugel et l'UGEA ne représentent pas les étudiants» Toujours sur les lieux, les étudiants contestataires dénoncent «la passivité» de deux organisations estudiantines, à savoir l'Union générale des étudiants libres (Ugel) et l'Union générale des étudiants algériens (UGEA). «Ils ne nous représentent pas. Ils ne daignent même pas manifester avec nous. Ici, il y a des ingénieurs, des étudiants de l'ancien système et ceux qui veulent accéder aux études de doctorat. Eux, ils sont absents. Ces organisations sont passives», pensent des délégués. «Les chaînes étrangères veulent politiser notre mouvement» Une petite altercation verbale s'est produite entre des étudiants et des journalistes activant pour le compte de la chaîne égyptienne Nile TV. Ces étudiants leur reprochaient la connotation politique des questions posées par la journaliste. Le cameraman essayait en vain d'expliquer que «leur métier est de transmette l'information». Mais un groupe d'étudiants riposte : «Notre mouvement est apolitique. Nous ne sommes ni affiliés aux partis politiques, ni aux Ong internationales. Nous demandons nos droits seulement. Encore une fois, nous sommes apolitiques.» Dans le même sillage, ils dénoncent «les agissements non professionnels des correspondants des chaînes France 24, Al Hayat et Al Arabya», qui, selon eux, «veulent politiser à leur tour les revendications estudiantines». «Nous voulons que le décret 10-315 soit abrogé. C'est tout ce que nous demandons. Quant aux soucis des Algériens, nous les connaissons tous.» Après quelques minutes, les correspondants de la chaîne égyptienne ont fini par rebrousser chemin. Sur le même point, les étudiants dénoncent également «la fitna que veulent instaurer deux journaux arabophones».