Deuxième de Série A, à trois points de l'AC Milan, Naples est en train de frapper un grand coup en Italie. Et si son buteur Edinson Cavani, 20 buts, ou ses acolytes de l'attaque Marek Hamsik et Ezequiel Lavazzi font beaucoup de bruit, d'autres partenaires explosent en silence. C'est le cas de Hassan Yebda. Il faut dire que, mis à part pour ses cheveux peroxydés qu'il a un temps porté, le numéro 21 napolitain n'est pas du genre à se faire remarquer. Humble dans la vie, sobre mais efficace sur la pelouse, il est devenu, sans crier gare, une pièce maîtresse du système mis en place par Walter Mazzarri, et un pilier de l'équipe nationale algérienne. Fifa.com a rencontré Hassan Yebda, la nouvelle bombe du football algérien. Né en France, c'est sous le maillot bleu que ce futur Fennec a d'abord laissé entrevoir de belles promesses. Avec les Bleuets, il remporte la Coupe du monde U17 de la Fifa, Trinité-et-Tobago 2001, mais la suite a des allures de pétard mouillé : «C'était extraordinaire, j'ai des souvenirs plein la tête de ce Mondial ! Mais étrangement, ce succès a été un handicap pour moi. On ne m'a ni laissé le droit à l'erreur, ni fait confiance pleinement», avoue l'intéressé. Du Bleu de France au Vert d'Algérie De 2001 à 2005, entre blessures à répétition et bouts de matches, Yebda se perd dans son club formateur d'Auxerre. Le Mans le remet sur le chemin de la vérité en 2006-07, mais c'est la saison suivante que sa carrière décolle vraiment. Le milieu récupérateur d'1,88 m fait parler toute sa puissance dans l'entre jeu, et même parfois la poudre (3 buts en 2007/08). C'est à Benfica qu'il décide finalement de franchir un palier : «Là-bas, les conditions étaient idéales : un super entraîneur, des joueurs de talent comme Angel di Maria, Pablo Aimar ou David Luiz, un club mythique, un championnat passionnant…» Yebda garde le cap vers les sommets, riche de la confiance de son entraîneur Quique Sanchez Flores, matérialisée par 25 titularisations. A l'arrivée, Benfica est seulement troisième de la Ligra Sagres, mais remporte la Coupe de la Ligue et «sauve ainsi les meubles». Pour continuer son ascension, Yebda choisit alors la réputée Premier League et le club de Portsmouth au début de l'exercice 2009/10. Et l'Algérien d'avouer avec du recul : «L'expérience se révéla dure, dans un championnat qui me faisait pourtant rêver.» Le club est relégué, mais le natif de Saint-Maurice concède : «Bizarrement, cette saison noire en club m'a également permis de vivre des instants gravés à jamais dans ma mémoire : l'équipe nationale, la qualification pour la Coupe du monde, une demi-finale de la CAN et le Mondial.» Car, de parents kabyles, Yebda profite alors de sa double nationalité franco-algérienne pour répondre positivement à la convocation de Rabah Saâdane lors des qualifications pour Afrique du Sud 2010. Il devient vite une pierre angulaire d'El Khadra, posté devant la défense dans un rôle de récupérateur-relayeur-dynamiteur. Pour autant, il ne peut empêcher l'élimination de l'Algérie dès la phase de groupes : «On y est allé la peur au ventre, tout en retenue, en oubliant d'attaquer.» L'analyse est fine, l'homme est mûr et la carrière du joueur prête à éclater. Naples pour exploser Naples le sait et saute sur l'occasion. En octobre 2010, le président Aurélio de Laurentiis se lance même dans une annonce sans équivoque : «C'est un tournant dans la carrière de Hassan. Naples va constituer une étape très importante pour lui. C'est là où il va exploser.» Difficile de lui donner tort : Yebda se fond parfaitement dans un collectif bien huilé et enchaîne les prestations de qualité : «Je ne sais pas si j'ai explosé. Ce qui m'intéresse, c'est uniquement le groupe, mon cas personnel passe après.» Il peut se réjouir ! Le club cartonne, déjouant tous les pronostics de Serie A : «On ne s'enflamme pas, je vous assure que le mot "titre" est encore tabou dans les vestiaires.» Mais plus à un paradoxe près, alors qu'il est au sommet de son art en club, ses Verts traversent, eux, une période noire, n'ayant toujours pas retrouvé le goût de la victoire depuis leur retour d'Afrique du Sud : «Le départ de Rabah Sâadane a été digéré, on a un nouveau sélectionneur, Abdelhak Benchikha, très apprécié au sein du groupe. Il faut juste que la mayonnaise prenne. On est en phase de reconstruction», assure Yebda, néanmoins confiant quant à l'avenir de l'Algérie. «Je ne pense pas qu'il y ait une attente particulière sous prétexte que je joue à Naples et que mon club marche bien en ce moment. Je ne raisonne pas comme ça. Moi, je suis là pour prendre du plaisir avec l'équipe nationale, et surtout pour en donner aux supporters.» Deux ambitions pas impossibles à concilier, mais qui, en revanche, risquent de ne plus être compatibles avec la discrétion de Yebda. Parce qu'à un moment ou à un autre, le talent, ça finit par se voir... Il veut rester à Naples Le milieu de terrain de l'EN, Hassan Yebda, veut rester à Naples qu'il a rejoint sous forme de prêt avec option d'achat. «L'équipe de Naples m'a donné l'occasion de m'épanouir, j'ai vite retrouvé mes repères au sein de ce grand club. J'ai d'excellentes relations, que se soit avec mes coéquipiers ou bien avec l'entraîneur. J'aimerais bien rester pour d'autres saisons au sein de ce club», a déclaré Yebda aux médias italiens.