Lundi dernier, un groupe de huit personnes, dont des pères et des mères de famille, ont menacé de se suicider en se jetant du haut de la terrasse du siège de l'APC de Aïn Benian (Alger). Ces personnes revendiquaient des logements et du travail. Elles ont été finalement dissuadées par les autorités qui leur ont «promis de prendre en charge leurs doléances et de résoudre leurs problèmes». «Nous étions résolus à aller au bout de nos menaces et de nous suicider car nous estimons que sans travail et sans logement, notre vie ne vaut pas grand-chose», soutenait R. Nadjib, un des huit suicidaires accompagné de sa mère. «Le wali délégué nous a promis d'insérer nos dossiers dans le programme Ansej et de nous attribuer un logement dans la semaine qui suivra le dépôt d'un dossier supplémentaire à ceux qu'on avait déjà déposé depuis le début des années 90», affirme pour sa part S. A., un autre citoyen qui a confirmé les promesses de l'APC. «Le maire nous a fait des promesses mais nous n'y croyons pas beaucoup», a-t-il dit sur un ton grave, indiquant que le maire les a menacés de poursuites judiciaires en cas de récidive. Soulagés de voir ces personnes revenir à la raison et renoncer à leur action, des jeunes considèrent que «c'est un acte qui relève du courage» et n'ont pas manqué d'énumérer une série de dénonciations concernant la gestion des administrateurs de la commune. «Les citoyens de la commune n'ont pas bénéficié de logements et les cités qui poussent comme des champignons ont été attribuées à des personnes extra-commune», ont relevé d'autres jeunes rassemblés devant le siège de la mairie dont l'accès a été fermé. Ils ont souligné qu'ils étaient contre la violence et demandent juste de la considération qui leur permettra de recouvrer leurs droits au logement et au travail. «Les responsables de la mairie versent dans le trafic, le passe-droit et le népotisme», accusent ces jeunes. M. N, un jeune de 25 ans, affirme que «les 300 étals du marché ont été cédés à des indues personnes ne résidant pas dans la commune et ces derniers louent ces tables à d'autres individus», ajoutant que «des personnes qui ont dénoncé ces faits ont été poursuivies et incarcérées». Une autre voix s'est élevée pour dire que «plusieurs plaintes ont été déposées par des citoyens contre certains responsables, en vain». Il est certain que ces jeunes ne décolèrent pas. Pis, ils promettent que si les promesses données ne sont par tenues, «ils reviendront à la charge en entreprenant d'autres actions». Les précisions de l'APC Après une brève réunion avec les huit personnes, le wali délégué et les responsables de l'APC nous ont précisé qu'ils comprenaient «la colère des citoyens». Le vice-président chargé de l'urbanisme, M. Banazou, met en cause, en présence du P/APC, «le processus d'attribution de logements par la wilaya tout en mettant en évidence les conséquences découlant du déracinement et de la délocalisation de certaines populations qui sont contraintes d'aller occuper des logements dans d'autres communes au détriment des populations locales». «Il est impossible de satisfaire les 600 demandes alors que sur les 2000 logements inscrits dans le programme, seuls 400 constituent le quota de la commune qui compte une population de 75 000 habitants», relève le vice-président. Faisant dans le détail, il indique que «le déficit dont nous ne sommes pas responsables, soulève la colère des uns et des autres et ce système de distribution de quotas est une bombe à retardement pouvant conduire à des situations délicates». «Il y a impossibilité de satisfaire les 6000 demandes de logements sociaux», a-t-il noté, relevant «qu'un programme de 15 000 logements existe mais seulement 400 logements LSP ont été attribués». Il finit par réclamer «plus d'attributions et de moyens afin que l'APC puisse construire uniquement aux citoyens de la commune».