«Au niveau de l'agence postale située au centre-ville de Ouadhias, le receveur était contraint de distribuer des pièces de 50 dinars pour les retraits de petits montants et des billets de 100 dinars», nous a affirmé hier un syndicaliste d'Algérie Poste, questionné à propos du manque de liquidités au niveau des agences postales. Comme dans toutes les communes limitrophes, à savoir Tizi n'Tleta, Aït Bouadou et Mechtras, c'est-à-dire autant on s'enfonce dans les communes de la Kabylie profonde autant l'argent se faire rare au niveau des agences postales. Cette situation n'est pas propre aux communes du sud de la wilaya, elle caractérise les quatre coins de la wilaya. La pénurie est beaucoup plus accentuée dans les localités reculées qui ne sont pas régulièrement approvisionnées en liquidités, comme Aïn El Hammam, Bouzeguène et Yakourène. Des agences à sec Dans certains cas, les agences sont à sec. Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer cette situation qui dure depuis plusieurs jours. Selon un cadre d'Algérie Poste, les causes de ces pénuries récurrentes sont liées au fait que la Banque d'Algérie n'a pas de programme prévisionnel d'alimentation de la principale recette d'Algérie Poste basée à Tizi Ouzou et qui, à son tour, alimente les autres postes. Aussi, on évoque la forte pression exercée sur les agences ces derniers jours suite aux augmentations de salaires et autres versements de primes et de rappels. «Le personnel de justice, par exemple, a reçu des rappels conséquents. Il y a ceux qui ont retiré des sommes allant jusqu'à 600 000 dinars.» Dans tous les cas de figure, c'est la Banque d'Algérie qu'on pointe du doigt. Certains avancent même que «d'importantes sommes d'argent ne suivent pas le circuit normal permettant de juguler ce type de crise». Une autre crise est attendue pour la fin du mois Au niveau de la recette principale, la situation s'est quelque peu améliorée. Les retraits étaient limités durant la journée d'hier à 50 000 DA, alors qu'ils étaient fixés à 20 000, il y à trois jours. «C'est juste une sorte d'entracte ! Dès le début de la semaine prochaine, avec le début des versements des salaires et des pensions de retraite, nous subirons à coup sûr une autre crise», nous dira un agent de guichet. Le hall de la recette principale était plein comme un œuf. Tout le monde, ticket à la main, attendait son tour. Il y a des gens qui viennent même des localités de la wilaya de Bouira et surtout de Boumerdès, comme Baghlia, pour retirer de l'argent ici. Eux aussi sont touchés par cette pénurie, nous informe-t-on sur place. Devant les deux distributeurs automatiques, de longues files se sont formées. «Ici au moins, même si je dois attendre beaucoup, je suis sûr de repartir avec mon argent en poche», nous dira un homme d'un certain âge, venu de la localité de Beni Zmenzer. Les usagers d'Algérie Poste vivent une angoisse certaine. Les seuls distributeurs de billets au niveau des banques qu'ils peuvent utiliser sont ceux du Crédit populaire d'Algérie. Pour le reste, les retraits ne sont pas acceptés. Quoi qu'il en soit, à travers toutes les communes de la wilaya de Tizi Ouzou, les citoyens ne cessent de se plaindre des conséquences de ce manque chronique de liquidités dans les bureaux de poste. La pénurie persiste et devient un cauchemar, surtout à l'approche des fins de mois.