Une centaine d'experts comptables, commissaires aux comptes et comptables agréés ont observé hier un sit-in devant l'APN pour réclamer l'abrogation de la loi 10-01 régissant leur profession, considérée comme «un code pénal». Une délégation a été reçue à l'APN et une autre réunion est prévue dimanche prochain en présence des représentants du ministère des Finances. La loi adoptée le 29 juin 2010 et applicable depuis sa publication au Journal officiel en juillet «est en contradiction avec les décrets et les textes d'application», nous a affirmé M. Djadjaa, secrétaire général de l'Ordre national des experts comptables, commissaires aux comptes et comptable agréés, région d'Alger, qui n'hésitera pas à qualifier ce texte «qui va à l'encontre de la profession» de code pénal. La loi remet en cause, à en croire les propos de beaucoup d'experts rencontrés sur place, l'indépendance de leurs professions dans la mesure où ils sont désormais sous la tutelle du ministère des Finances. «C'est une sanction pour les professionnels», affirme notre interlocuteur, alors qu'un autre professionnel, qui dénonce au passage le nouveau plan comptable, estime pour sa part que l'ouverture du marché aux étrangers est un danger pour l'économie nationale et la profession. Il nous affirmera par ailleurs qu'aucun des 60 amendements proposés «par écrit» par les professionnels n'a été pris en compte à l'APN. Le chef de l'Etat a également été saisi par l'Ordre «sans suite pour le moment», apprend-on. Ces professionnels dénoncent également le fait que leurs professions soient réparties en catégories. En effet, à la faveur de cette loi, il a été procédé à la création de trois catégories professionnelles, à savoir un ordre des experts comptables, une chambre nationale des commissaires aux comptes et une organisation nationale des comptables agréés qui seront sous la tutelle du ministère des Finances par le biais du Conseil national de la comptabilité et par ses représentants nommés auprès des différents conseils des professionnels. Toute nouvelle demande d'agrément ou contrôle de la qualité des travaux de ces professionnels doit aussi passer par le ministère. «Nous voulons des lois dans l'intérêt de l'Algérie, pas des personnes», «Oui à l'indépendance, non à la tutelle», sont entre autres les slogans scandés par les protestataires. Une délégation conduite par Mohamed Lamine Hamdi, président de l'Ordre national des experts comptables, commissaires au comptes et comptables agréés, (ONECCCA) a été reçue hier à l'APN. «Nous avons été reçus par les représentants de Ziari qui nous ont rassurés sur la nécessité d'ouvrir un dialogue avec la tutelle», a-t-il affirmé à sa sortie, révélant qu'une réunion est prévue dimanche prochain au même endroit en présence des représentants du ministère des Finances. «On décidera après de la suite à donner à notre action», a-t-il averti.