Trois personnes ont trouvé la mort et quinze autres ont été blessées hier à Sanaa lors de nouveaux affrontements entre adversaires et partisans du président Ali Abdallah Saleh, a annoncé le ministère de la Défense. Sur le plan politique, l'opposition yéménite s'est dite disposée à entamer des négociations sous les auspices de l'Arabie Saoudite pour organiser le départ du président contesté Ali Abdallah Saleh. Cette prise de position intervient au lendemain d'une offre du Conseil de coopération du Golfe (CCG), réuni à Ryad, de faciliter une médiation entre l'opposition yéménite et le président Saleh, cible d'un mouvement de contestation sans précédent. «Nous acceptons l'invitation et nous annonçons que nous participerons, mais seulement pour discuter d'un transfert de pouvoir», a déclaré un porte-parole de l'opposition, Mohammed Qahtan. Dans la nuit de dimanche à lundi, les monarchies arabes du Golfe, lors d'une réunion extraordinaire à Ryad, avaient proposé leur médiation entre l'opposition et le pouvoir au Yémen. Les ministres des Affaires étrangères des six pays du CCG avaient exprimé leur «vive inquiétude face à la détérioration de la situation sur le plan de la sécurité et l'état de division qui prévaut au Yémen». «Les pays du CCG ont convenu de mener des contacts avec le gouvernement et l'opposition yéménite» pour proposer «des idées» qui permettraient de débloquer la situation, selon le communiqué. Les pays du CCG – qui regroupe l'Arabie Saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, Oman, le Qatar et le Koweït – sont extrêmement inquiets face à l'instabilité au Yémen, parent pauvre de la péninsule Arabique. Le président Saleh, un allié des Etats-Unis dans la lutte contre Al Qaïda, a affirmé qu'il est prêt à céder le pouvoir mais dans le cadre d'un processus constitutionnel ordonné. Abandonné par une partie de l'armée et des chefs tribaux et religieux, il a mis en garde contre le risque de chaos au Yémen s'il était contraint à partir. Mais cette mise en garde ne semble plus faire son effet auprès des Etats-Unis. «Après avoir longtemps soutenu le président yéménite Ali Abdallah Saleh, le gouvernement Obama estime aujourd'hui que celui-ci n'est pas capable de mener les réformes nécessaires et doit donc être poussé vers la sortie», a noté le New York Times. «Aujourd'hui les négociations en cours à Sanaa portent sur le départ programmé du président yéménite et sur le passage de témoin à son vice-président jusqu'à ce que des élections puissent être organisées», a rapporté le quotidien new-yorkais. Toujours selon lui, les Etats-Unis seraient même en train d'étudier la possibilité d'exfiltrer le président yéménite et sa famille vers un pays tiers. Sur le terrain de la confrontation, deux soldats dissidents ont été tués hier dans des heurts à Sanaa avec des membres de tribus proches du président Ali Abdallah Saleh.