De violents combats ont repris hier près de Misrata, où une immense colonne de fumée se dégageait toujours du port au lendemain du bombardement d'un dépôt de carburant. Les combats se déroulaient à l'ouest de cette grande ville côtière à 200 km à l'est de Tripoli, dans la localité de Bourgueya. Dans le port, la fumée provoquée par l'incendie des dépôts était visible, où des queues commençaient à se former devant les stations-service par crainte de pénurie. La veille, les forces gouvernementales ont intensifié leur offensive sur le port de Misrata, seul moyen pour la ville assiégée de recevoir des vivres ou d'évacuer blessés et réfugiés. Dans la matinée, une roquette Grad s'est abattue sur un des réservoirs de gasoil près du port. L'incendie provoqué par l'explosion s'est propagé aux dépôts voisins. Les forces loyalistes «ont détruit seulement les réservoirs qui étaient pleins», a déclaré Ahmed Montasser, un combattant rebelle sur place. «Quelqu'un a signalé les coordonnées exactes des réservoirs à détruire. Cela démontre qu'à l'intérieur de la ville, il existe une cinquième colonne qui collabore avec Kadhafi», a-t-il ajouté. Parallèlement, Souleimane Fortiya, un représentant de Misrata à Benghazi, avait assuré que les troupes gouvernementales se massaient à Zliten, à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Misrata, et qu'elles allaient mener une nouvelle offensive terrestre sur la ville rebelle. Dans la nuit de jeudi à vendredi, un hélicoptère pro-Kadhafi a lancé au moins 26 mines, pourvues de parachutes, qui ont atterri sur l'entrée et les quais du port. Les rebelles ont fait exploser la plupart d'entre elles. L'Otan avait confirmé le lendemain qu'un hélicoptère avait violé la zone d'exclusion aérienne, sans pour autant expliquer pourquoi ses forces chargées de faire respecter cette zone n'étaient pas intervenues. Par ailleurs, le chef des rebelles libyens a contredit une information d'un porte-parole de la rébellion qui indiquait qu'un accord avait été trouvé avec l'Italie pour la livraison d'armes. «Nous n'avons reçu aucune arme, ni d'Italie ni d'aucun autre pays», a déclaré Abdel Fattah Younès. L'Italie a également réfuté tout accord de livraison d'armes aux rebelles. «Il n'existe pas d'accord pour leur fournir des armes», a déclaré le porte-parole du ministère italien des Affaires étrangères. Pour sa part, le gouvernement tunisien prendra les dispositions nécessaires pour préserver l'intégrité de son territoire après la chute de plusieurs obus à sa frontière sud avec la Libye, a indiqué une source au ministère des Affaires étrangères. «En raison du manque de sérieux des autorités libyennes dans le respect de leurs engagements, la Tunisie prendra les dispositions qu'elle juge nécessaires pour préserver l'intégrité de son territoire et la sécurité des habitants et des réfugiés, dans le cadre de la légalité internationale», a précisé cette source sans donner davantage de précisions. Les autorités tunisiennes ont de nouveau condamné «la poursuite des violations dangereuses commises par les forces libyennes, au niveau du point de passage frontalier de Dehiba (sud), avec de nouveaux obus de mortier tirés à partir de la Libye. Au moins six obus libyens sont tombés sans faire ni victimes ni dégâts près du poste-frontière de Dehiba (sud de la Tunisie), un des principaux points de passage des réfugiés libyens. Enfin, sur le plan politique, le ministère libyen de la Justice prépare le projet de loi d'amnistie réclamé par les chefs tribaux pour ceux qui ont participé au soulèvement contre le dirigeant Mouammar Kadhafi depuis la mi-février, a annoncé le Premier ministre, Baghdadi Mahmoudi. Toutefois, il n'a fourni aucun détail sur le projet de loi ou son éventuel calendrier, mais le régime libyen a déjà plusieurs fois promis une amnistie aux rebelles s'ils abandonnaient les armes.