Des navires britannique, canadien et français patrouillant au large de la Libye ont répliqué à des tirs d'embarcations rapides des forces loyales quelques heures après la prise de l'aéroport de Misrata par les insurgés, a indiqué l'Otan. Les forces navales gouvernementales ont couvert leur retraite en tirant «avec de l'artillerie et des batteries anti-aériennes en direction des bâtiments alliés», entraînant une brève riposte des navires de l'Otan, a ajouté le texte, précisant qu'aucun des navires alliés n'a été atteint. Dopés par leur succès à l'aéroport de Misrata, les rebelles s'apprêtaient hier à marcher sur Zliten, avec en ligne de mire Tripoli. Selon Salah Badi, responsable de l'offensive rebelle dans la zone de l'aéroport, les forces gouvernementales se sont regroupées à Zliten. Selon lui, les insurgés, qui ont déjà progressé d'environ 20 km vers Zliten, vont désormais concentrer leurs efforts sur ce front, le long de la route côtière menant à la capitale libyenne. A Tripoli, des frappes aériennes ont touché jeudi matin le complexe résidentiel dans la zone de Bab Al Aziziya, faisant trois morts – deux journalistes et leur guide – et 27 blessés, selon un porte-parole du gouvernement. L'Otan s'est en revanche défendue d'avoir ciblé l'ambassade de Corée du Nord, qui pourrait avoir été touchée lors du raid ayant visé dans la nuit un centre de «commandement dans le centre de Tripoli, utilisé pour coordonner les attaques contre les populations civiles». Dans l'Est, au moins trois roquettes sont tombées jeudi sur Adjedabia, sans faire de victime. Des combats sporadiques se poursuivent et la ligne de front se déplace régulièrement entre Adjedabia et le site pétrolier de Brega. Toujours sur le terrain, un Français a été tué et quatre autres ont été arrêtés jeudi à Benghazi par les rebelles lors d'un «contrôle de police». Cet incident a été confirmé par le ministère français des Affaires étrangères. Les détails concernant la raison de l'arrestation de ces Français et les circonstances menant à la mort de l'un d'eux demeurent obscurs. Côté diplomatie, Moscou a appelé au lancement immédiat de négociations inter libyennes sans préalable, a déclaré hier devant les journalistes à Almaty le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. «Nul doute qu'il s'agira d'un nouveau système politique, mais il faut négocier avec ceux qui disposent aujourd'hui des moyens d'apaiser la situation», a-t-il souligné. Par ailleurs, le chef de la diplomatie de la rébellion, Mahmoud Jibril a été reçu hier à la Maison- Blanche par le conseiller du président Barack Obama pour la sécurité nationale Tom Donilon. M. Jibril s'est déjà entretenu mercredi avec le président de la commission des Affaires étrangères du sénat, John Kerry, qui a annoncé qu'il élaborait une loi permettant d'utiliser, au profit des rebelles, certains avoirs gelés du colonel Kadhafi. Washington pourrait verser à court terme plus de 150 millions de dollars aux rebelles. Pendant ce temps, le président du Conseil national de transition, Moustapha Abdeljalil, se trouvait à Londres, pour une visite dont la durée n'a pas été précisée. Après sa rencontre avec M. Abdeljalil, le Premier ministre britannique David Cameron a invité le CNT à ouvrir à Londres son premier bureau de représentation en Europe et promis plusieurs millions de livres d'équipements pour la police de Benghazi, fief de la rébellion dans l'Est libyen, ainsi que du matériel de communication. Pour sa part, le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a déclaré que son organisation devrait jouer un rôle important dans la Libye de l'après-Kadhafi, lorsque les combats auront pris fin. Le secrétaire général de l'Otan doit être reçu vendredi prochain par le président américain pour évoquer la situation en Libye et en Afghanistan. Enfin, selon le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, cité par l'agence de presse Ansa, un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) contre le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi pourrait être lancé d'ici la fin du mois qui représente une date butoir. En effet, l'émission d'un tel mandat d'arrêt changera la situation, et un tel changement pourrait faire en sorte que Mouammar Kadhafi choisisse l'exil comme issue.