Après la disparition dans les pharmacies des corticoïdes injectables et buvables, indispensables dans le traitement des allergies et des asthmes, ainsi que des pilules contraceptives, la prochaine pénurie de médicaments va toucher l'Aspégic, selon des sources bien informées. Cette pénurie sera constatée dans quelques jours et intervient après l'achat par un grossiste de toutes les quantités d'Aspégic destinées au marché algérien. «C'est la pratique courante qui est à l'origine de toutes les pénuries récurrentes constatées depuis quatre ans», explique Messaoud Belambri, secrétaire général du syndicat national des pharmacies d'officine (SNAPO). Notre interlocuteur souligne que le monopole exercé par les grossistes et les importateurs de médicaments fait des ravages sur le marché local. La situation est plus dramatique dans le cas où l'opérateur est en même temps grossiste et distributeur. Cela crée une exclusivité dans le stockage et la distribution des médicaments et laisse la liberté totale à tout type de pratiques qui perturbent réellement le marché. «On assiste depuis plusieurs années à ces pratiques qui ont fini par réorganiser le secteur en fonction de ces nouvelles règles. Sur une simple rumeur, les grossistes anticipent des pénuries en stockant les derniers lots d'un produit dont le processus de fabrication sera entamé plus tard. Ils emmagasinent toute la production pour créer la pénurie avant de sortir ces quantités quelques mois plus tard avec les mêmes références et les mêmes prix», a-t-il expliqué. Il citera le dernier exemple de la disparition du Micocide en dépit de la production record assurée par Saïdal. «Il a fallu vendre toute la quantité à un seul grossiste qui prétend être capable d'approvisionner tout le territoire national et le problème a commencé», a-t-il expliqué. Pour le syndicaliste, ces pratiques frauduleuses et déplorables à plus d'un titre ont porté atteinte à la commercialisation du médicament en Algérie. «Nous avons conclu qu'en dépit des grandes quantités de médicaments importées par l'Etat, la pénurie persiste et la perturbation est toujours d'actualité», a-t-il ajouté, en soulignant que la défaillance dans le secteur ne concerne pas l'enveloppe budgétaire qui lui est consacrée mais a trait à un problème récurrent d'organisation. Il a affirmé que l'échec de la mesure sur l'interdiction du conditionnement en Algérie est dû essentiellement à ce problème de rupture courant. «C'est pour cela que nous plaidons en faveur de la réforme du secteur de médicaments en Algérie. L'Etat doit revoir les mécanismes de son fonctionnement et intervenir comme régulateur du marché», a expliqué M. Belambri. Les pouvoirs publics doivent intervenir dans le contrôle des engagements des opérateurs de médicaments «qui n'ont pas respecté leurs engagements dans l'approvisionnement du marché national conformément aux engagements qu'ils ont pris lors de l'interdiction d'importation des médicaments. La perturbation des médicaments sera inscrite dans le planning des réunions mixtes entre le Snapo et le ministère de la santé qui ont examiné plusieurs sujets relatifs à la législation qui régit le secteur. «Il y a beaucoup de lois mais qui sont dépassées. Le marché a changé et le pharmacien est plus impliqué dans les politiques de sécurité sociale engagées par les pouvoirs publics, ce qui nécessite une révision de l'arsenal juridique», explique M. Belambri. La loi sur le trafic des stupéfiants, l'analyse médicale, le statut du pharmacien, les horaires d'exercice et la liste des médicaments seront également débattus lors de ces réunions.