C'est véritablement à un cas de monopole qui ne dit pas son nom qu'est soumis le marché national du médicament. L'inexplicable pénurie, qui touche certains produits pharmaceutiques, devenus introuvables dans les officines en dépit d'une facture d'importation de la valeur de 1,66 milliard de dollars en 2010, a fini par excéder le Syndicat national algérien des pharmaciens d'officines et le contraindre à réagir. Le Snapo demande l'ouverture d'une enquête pour "localiser les failles" et déterminer les causes de cette "rupture" de médicaments qui serait due à une "mauvaise" gestion dans la distribution des médicaments. Il en appelle au ministère de la santé qu'il exhorte "(…) à mener un travail d'investigation en vue de localiser les failles qui ont mené à la rupture de médicaments dans les officines à l'échelle nationale". Dans une déclaration faite à l'APS, le président du Snapo, M. Messaoud Belambri, affirme avoir "déjà soulevé au ministère ce problème" et insiste pour qu'"il y ait des investigations sur le terrain et que les gens qui font dans la mauvaise pratique en matière de distribution et de rétention de stock soient identifiés et sanctionnés". Selon ce syndicaliste, il existerait "des distributeurs qui détiennent une sorte d'exclusivité exerçant pratiquement un monopole pour un nombre de produits et qui font de la vente concomitante". Cette situation a, d'ailleurs, inspiré le gouvernement qui s'est penché sur la question en légiférant par une note circulaire signée au mois de mai dernier obligeant les producteurs de médicaments à distribuer leurs produits. La décision du Premier ministre d'exclure les grossistes de la distribution des médicaments fabriqués ou conditionnés en Algérie avait été prise dans le souci de protéger le médicament local qui subit "le diktat des sociétés de distribution". L'application de cette dernière circulaire a dû être reportée à 2012 après avoir subi le mécontentement des grossistes qui demanderaient "des remises pour écouler le médicament local qui est moins demandé que celui importé. Les producteurs locaux sont obligés d'accorder des remises allant jusqu'à 100% de leur marge bénéficiaire aux grossistes pour vendre leurs médicaments". Ce serait même là la raison de l'existence de cette pénurie frappant "certains médicaments, qu'ils soient de production locale ou importés", cite l'Agence de presse algérienne. Une liste de médicaments parmi lesquels figurent "la pilule contraceptive, les corticoïdes injectables, mais également des médicaments traitant la tension artérielle", affirme le président du syndicat national algérien des pharmaciens d'officines. Il s'agit d'une liste composée de 230 médicaments, dont 170 sont nécessaires aux malades chroniques, des médicaments contre la nausée pour enfants, ceux destinés aux diabétiques et ceux pour les personnes atteintes de la goutte, ainsi que des vaccins contre les allergies et qui "demeurent introuvables" dans certaines officines du pays.