Plusieurs communes ont répondu hier favorablement à l'appel lancé deux jours avant par la coordination des comités de villages de la daïra de Béni Douala, 20 km au sud de Tizi Ouzou, en guise de solidarité avec la famille de Mourad Bilek et pour réclamer sa libération sans condition. Une grève générale est observée depuis hier matin par toutes les communes de la daïra de Béni Douala, à commencer par le chef-lieu, Ath Mahmoud, Ath Aïssi et Béni Zmenzer. Selon des sources locales, tous les commerces ont baissé rideau. Les institutions étatiques et privées ont été fermées. Même les écoles primaires, les CEM et les lycées de la daïra ont gelé les cours, tandis que les transporteurs n'ont pas assuré de service. Idem pour les bureaux de poste, en guise solidarité avec la famille de Mourad Bilek. Une mobilisation et une solidarité impressionnantes, qui dénotent de la détermination des citoyens de la Kabylie à ne plus abdiquer devant le phénomène des kidnappings qui menace la sécurité de tout le monde. Même son de cloche à Béni Zmenzer, 15 km au sud de Tizi Ouzou, où une source locale nous a indiqué qu'une grève générale a été observée. «Les citoyens n'attendent que le feu vert de la cellule de crise pour envahir le maquis», ajoute la même source. «Ath Mahmoud n'est pas en reste de cette action. C'est la paralysie totale», nous dira la même source. Au niveau du chef-lieu de Tizi Ouzou, les commerçants, comme prévu, ont observé un quart d'heure (entre 10h et 10h15), d'arrêt de travail en guise de soutien à Mourad. Les grands villages environnants, à l'instar de Bouhinoun, Betrouna et Ihesnaouen, ont tenu de leur côté à marquer leur soutien indéfectible, et ont réitéré leur demande de libération de Bilek. Les étudiants de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou ont apporté également leur soutien et implication dans cette affaire à travers l'observation d'une journée de grève. «À l'initiative d'un groupe d'étudiants, et après décision de la CLE, plusieurs départements sont actuellement (hier, Ndlr) paralysés», nous dira un étudiant en économie contacté par nos soins. Désormais, c'est toutes les franges de la société de Tizi Ouzou qui se mobilisent pour la libération de Bilek Mourad, jeune de 18 ans kidnappé le 11 mai par un groupe d'individus armés au nombre indéterminé, au lieu-dit Tala Bounane, relevant d'Ath Aïssi, situé sur le chemin de wilaya n°100, alors qu'il se dirigeait vers Tizi Ouzou. Le fils du village Aguemoune en est à sa septième nuit de captivité, sans qu'un contact n'ait été établi entre ses ravisseurs et sa famille. Contacté hier après-midi, une source proche de la famille de l'otage a indiqué qu' «une réunion de concertation devait avoir lieu hier à 15h pour décider des suites à donner à cette affaire». Aujourd'hui, une caravane sera organisée par des citoyens, munis de mégaphones, dans les forêts environnantes, pour lancer un dernier appel aux ravisseurs avant de passer à d'autres actions radicales», explique encore notre source. C'est dire que la prochaine action est de ratisser les forêts et maquis de toute la daïra de Béni Douala et les communes avoisinantes pour affronter les ravisseurs. «Cette fois ce sera avec les armes», a conclu notre source. La famille Bilek, qui préfère ne pas risquer la vie de son enfant en favorisant le dialogue et la patience, n'a pas pour le moment été contactée par les ravisseurs. La mobilisation citoyenne qui va crescendo est une manière de dénoncer un phénomène qui dure depuis 2005, ayant fait plus d'une soixantaine de victimes, mais aussi de réitérer le principe de non-paiement de rançons en contrepartie de la libération des otages.