Devant les ténors du plus important lobby israélien aux Etats-Unis, le différend entre Obama et Netanyahou au sujet d'un improbable retour aux frontières de 1967 a fondu comme neige au soleil. C'est juste que le Premier ministre israélien a mal interprété les propos du locataire du bureau ovale. Evidemment que les nouvelles réalités démographiques vont obliger les deux parties à négocier une frontière différente de celle qui existait avant la guerre des Six jours, a rectifié le président Obama. Les gens de l'Aipac admirent ce recentrage, le grand frère d'Amérique est revenu vers un réalisme qui non seulement autorise le maintien des grands blocs de colonies, mais ouvre la voie à leur agrandissement sans limite aucune, voire sans nulle frontière. C'est en partie le prix que coûte le soutien électoral juif si le président Obama ne veut pas perdre la prochaine présidentielle US. Car, au-delà de la clarification quant au sens exact de ses déclarations, le patron de la Maison-Blanche a jugé nécessaire de rappeler des évidences. La sécurité d'Israël passe avant tout et ce n'est pas la réconciliation palestinienne, ou demain un gouvernement d'union nationale, qui y changera quelque chose. La force du lien entre les deux alliés est telle que personne ne pourra le briser. Certes, les révoltes arabes vont permettre l'installation de nouveaux pouvoirs aux frontières de l'Etat hébreu, pas forcément amis ou pro-occidentaux, mais il serait impensable que quelqu'un puisse tenter de bousculer la sacro-sainte alliance israélo-américaine. Entre les deux, la lune de miel est éternelle et les fâcheries passagères. L'Autorité palestinienne est avertie, si le Hamas ne reconnaît pas le droit d'Israël à exister et s'il insiste à s'inspirer des thèses négationnistes iraniennes, il ne faut pas s'attendre à ce que les Etats-Unis lèvent le petit doigt ou incitent à un retour à la table des négociations. Quant à nourrir l'espoir d'isoler le fidèle allié US au Proche-Orient aux Nations unies, il ne faut même pas y compter. Contrairement aux Vingt-sept de l'Union européenne, qui entretiennent dans le désordre le doute sur une éventuelle reconnaissance unilatérale d'un futur Etat palestinien à la prochaine Assemblée générale de l'Onu, les USA ne laissent pas place à l'incertitude. Aucune reconnaissance possible, la vision de deux Etats doit être négociée. Sur la base des frontières post-Intifada II ? L'actuel gouvernement de Washington préfère éviter de trop entrer dans les détails, le vague lui permettant de manœuvrer sans se faire d'ennemis. De toute manière, observe Barack Obama, sa proposition et non pas position sur les frontières de 1967 n'avait rien de particulièrement original et que l'idée était discutée depuis fort longtemps. Pourquoi donc l'avoir remise au goût du jour ? Serait-elle destinée à affrioler les futurs gouvernements arabes qui, sous l'effet de la fraîche démocratisation, devraient faire preuve de modération envers l'Etat hébreu qui par le fait accompli s'attend, lui, à ce que les successeurs aillent plus loin que les anciens dictateurs. Eux qui n'ont fait qu'assurer la sécurité d'Israël par pur opportunisme politique, soutenu par le silence complice de l'Occident. Et si les nouvelles composantes gouvernementales venaient à être conduites par les partis islamistes ? Si elles pouvaient toutes ressembler à l'AKP turc, les garants de l'axe Washington - Tel-Aviv seraient prêts à leur tendre une oreille attentive. Pourvu qu'elles renoncent à épouser les thèses de l'anticolonialisme que le courant néo-socialiste mondial aimerait imposer comme fer de lance contre l'actuel ordre global établi.