Au milieu de tirs croisés, des roquettes artisanales (150 dollars l'unité) contre des missiles de précision, Abou Mazen, le locataire de la Mouqatâa, a pu recevoir son courrier le plus normalement du monde. Pas de carton d'invitation aux noces de Chelsea Clinton mais une missive expédiée des Etats-Unis. Son expéditeur ? Le président Obama. Habituellement tendue, la main du 47e président US est restée crispée, rédigeant une lettre pleine d'assurances à Mahmoud Abbas. Son destinataire n'a absolument rien à craindre. Il peut revenir à la table de négociations directes quand il le voudra. De préférence dans les jours qui viennent, selon les vœux tactiques de Benjamin Netanyahou. Sauf que ce n'est pas un problème de temps, surtout côté palestinien, la Ligue arabe a laissé six mois au chef de l'Autorité palestinienne pour fixer la date du lancement des négociations directes, les pourparlers indirects ayant fondu comme neige sous le soleil de Ghaza. Mieux vaut donc se concentrer sur l'essentiel. Soit, sur le contenu de la missive qui est parvenue au siège de l'AP sans que l'émissaire américain, George Mitchell, n'ait eu à se déplacer. Il mérite bien quelques semaines de repos. Revenons, à présent, à ce courrier qui fait foi de toutes les garanties de Barack Obama. A-t-il assuré à Mahmoud Abbas un gel réel de la colonisation, la fin de l'expansionnisme de l'Etat hébreu semble ne plus être un sujet brûlant d'actualité ? Tout ce que l'on sait, Ehud Barak, le transfuge du parti des travaillistes israélien, a tapé sur la table du cabinet de sécurité quand la question de la reconduction du moratoire de 10 mois a été évoquée. Le locataire du bureau ovale a-t-il promis au patron du Fatah que plus aucun arabe israélien ne sera expulsé vers les Territoires palestiniens occupés, le quotidien des résidents étant déjà catastrophique ? Bien qu'il ne soit pas du genre à claquer la porte du gouvernement de coalition pour un oui ou pour un non, Avigdor Lieberman tient à «sa» solution finale. Il ne faudrait pas trop le contrarier, l'ancien physionomiste peut provoquer des élections anticipées à tout moment. Et les futures frontières du futur Etat palestinien, Obama a-t-il écrit un mot à ce propos ? Chose sûre, l'Etat hébreu ne reviendra pas aux frontières de 1967, l'imaginaire ligne verte n'ayant jamais aussi bien porté son nom depuis le retour successif des likoudiens au pouvoir à Tel-Aviv. Au mieux, Israël reviendrait aux frontières d'avant l'Intifada II, avec l'irréversible maintien des grands blocs de colonies qui ont pris du terrain. Et les 4,5 millions de réfugiés palestiniens qui n'attendent que la création de leur Etat indépendant pour revenir embrasser les terres spoliées de leurs ancêtres, Obama a-t-il écrit une lettre à ce sujet ? La responsabilité de les caser ou d'en faire des hommes grenier revient aux seules autorités palestiniennes. De toute manière, toutes les terres restituées ne suffiraient pas à contenir tout ce beau monde. Pourvu que la fraternité des voisins ne s'évapore au lendemain de l'hypothétique proclamation de l'Etat de Palestine. Enfin, dans sa missive, le président Obama a-t-il rédigé une syllabe afin de tranquilliser Abou Mazen sur les questions de sécurité ? Car, comme par le passé, l'Etat hébreu s'obstinerait à vouloir garder sa main mise sur les espaces aérien et maritime qui reviendraient de droit aux Palestiniens, à la fin des négociations directes. Ce qui ressemblerait plus à un protectorat qu'à un Etat. Ainsi voguent les vagues assurances.