A l'instar des autres nations, l'Algérie a célébré hier la journée mondiale contre le travail des enfants, qui coïncide avec le 12 juin de chaque année. S'il y a une donnée à retenir, c'est que «5% d'enfants travaillent en Algérie» , selon les estimations avancées par la représentante du ministère de la Santé, présente hier à la conférence qui a eu lieu au ministère du Travail. Mais selon des participants, «ce chiffre ne reflète pas la réalité, car les enquêtes menées n'ont pas touché tout le pays et un minimum de profils a été approché». «Le pourcentage est plus élevé, il avoisine en réalité les 10%», a ajouté une source. Le département de Tayeb Louh, qui a organisé la conférence pour célébrer la journée mondiale contre le travail des enfants, a invité différents acteurs. Parmi eux, la directrice du Bureau international du Travail à Alger, Maria Crisetti, qui a affirmé que «la journée mondiale contre le travail des enfants attire l'attention sur l'étendue mondiale du travail des enfants et sur les actions et les efforts nécessaires pour l'éliminer. Les Etats membres de l'Organisation internationale du travail se sont fixés comme objectif l'abolition des pires formes du travail des enfants d'ici 2016». Elle a expliqué que «les travaux dangereux sont ceux susceptibles de nuire à la santé, la sécurité et la moralité des enfants. Certains secteurs ou types de travail comportent des risques particuliers. D'autres dangers pour les enfants peuvent être moins apparents, comme le risque de mauvais traitement ou les problèmes découlant d'heures de travail excessives». Quant aux chiffres, Mme Crisetti a affirmé, en se basant sur les données de l'OIT, que «215 millions d'enfants travaillent dans le monde. 115 millions sont impliqués dans des travaux dangereux, dont 41 millions sont des filles et 74 millions des garçons. 53 millions d'entre eux sont âgés de 5 à 14 ans et 62 millions de 15 à 17 ans». L'OIT soulève que «le nombre d'enfants travailleurs effectuant des travaux dangereux a augmenté au sein du groupe d'âge de 15 à 17 ans. La plus forte concentration d'enfants travailleurs se trouve dans l'agriculture (59%), suivie par 30% dans les services (travail domestique et dans la rue) et 11% dans l'industrie (petits ateliers, mines et bâtiments)». Selon l'intervenante, «les travaux dangereux peuvent avoir des impacts immédiats et à long terme sur les enfants (blessures, coupure avec une lame, handicap, mort)». Les enfants et les adolescents sont particulièrement vulnérables aux effets des travaux dangereux, car ils sont en phase de développement physique et mental. «C'est le problème n°1 à éradiquer», dira Mme Crisetti. Le travail nuit au développement moral des enfants Leur exposition aux produits chimiques dangereux et aux tensions physiques peut également nuire à leur développement adéquat et sain. Certains des impacts physiques et psychologiques du travail dangereux n'apparaissent pas immédiatement. Ils surgissent plus tard. La représentante du BIT a affirmé que «l'OIT collabore, par l'intermédiaire de son programme international pour l'abolition du travail des enfants (IPEC), avec les gouvernements et les partenaires sociaux pour élaborer des cadres légaux et d'initiatives politiques compatibles avec les conventions de l'OIT». De son côté, le représentant de l'Unicef à Alger, Manuel Fontaine, a indiqué que «l'Algérie est bien située en matière de protection des enfants. Son rôle dans l'Union africaine pourrait pousser les pays du continent africain à faire plus d'efforts pour lutter contre ce phénomène». Toutefois, il pense que «des enquêtes sur le terrain devraient être réalisées pour l'obtention de statistiques plus précises».