Après un mois de consultations marathon, la commission Bensalah vient d'achever sa «mission», apprend-on auprès de la présidence de la République, avec deux délégations d'intellectuels, en attendant qu'«un communiqué officiel» soit rendu public dans une conférence de presse qu'animera, comme d'habitude, le porte-parole de l'instance, Mohamed Ali Boughazi. Celui-ci aura à coup sûr à «cœur» de brosser un tableau «précis» d'une période durant laquelle des centaines de partis, associations, syndicats et personnalités nationales ont défilé devant les membres de la commission, dont il aura à «justifier», comme il l'a déjà fait, «la crédibilité». Les absents ont-ils tort ? Bien que le porte-parole de la commission ait soutenu que la liste des invités a «couvert toutes les composantes de la société», il y a lieu de relever, comme l'ont déjà fait «les absents» ainsi que d'autres observateurs de la scène politique nationale, que la plupart des hôtes du trio Bensalah-Boughazi-Touati «manquent cruellement de crédibilité, encore plus de représentativité». Des partis «déterrés», «des associations fantoches inféodées au parti au pouvoir, le FLN», ont accusé certains, alors que d'autres ont évoqué «un show, un carnaval» destiné à «gagner du temps», à répondre à une urgence par «une fausse» solution. Ce sont entre autres arguments ce qui a motivé le niet catégorique à l'invitation de partis comme le FFS, le RCD, le PST, Ahd 54 ou encore des personnalités nationales à l'instar des anciens présidents de la République (Zeroual, Ali Kafi, Chadli Bendjedid…), pour ne citer que ceux-là, qui seront «consultés» selon Boughazi «dans un autre cadre». Certaines autres personnalités politiques nationales, à l'instar de Ali Haroun et de Mokdad Sifi, ont fait dans «le juste milieu» en adressant simplement leurs «contributions» à la commission considérée comme «un pôle de propositions ouvert à tous les avis». Si l'on s'en tient à l'assurance de Mohamed Ali Boughazi quant à la couverture de «toutes les composantes de la société», il y a lieu de noter aussi qu'en ce qui concerne à titre d'exemple les associations et la société civile, cette remarque d'un député pourtant FLN, approché récemment à l'APN, «ce sont toujours les mêmes, c'est Alioui, c'est Sidi Saïd and co», nous a-t-il répondu avant de s'interroger d'abord sur leur crédibilité ensuite sur la non invitation, «puisque les portes du dialogue sont ouvertes à tous», des associations réellement représentatives quoique «régionales». «L'Algérie profonde a été oubliée», a-t-il fait remarquer. Aussi, la commission Bensalah a peut-être soigneusement, plutôt sciemment «oublié» d'inviter par exemple le mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) ou les arouchs. Même au sein des «invités», certains à l'instar de Sid Ahmed Ghozali ou encore Dourari, hier, n'ont pas hésité à «émettre des doutes» quant au rapport de la commission, alors que Boughazi avait tenu à affirmer que sa crédibilité «n'est tributaire d'aucune lecture ou critique», refusant de faire des commentaires à ce propos. S'il est vrai qu'en termes de propositions, toutes les lois proposées ont été «survolées» par les invités de Bensalah, d'autres «démarches» ont été proposées à même de «refonder l'Etat». En tout cas, du côté de la présidence, l'on soutient mordicus que la mission a été «une réussite». Un rapport «détaillé» de toutes les propositions recueillies atterrira dans les prochains jours sur le bureau du chef de l'Etat. Si d'aucuns croient dur comme fer que «cette fois-ci c'est la bonne», l'opposition soutient que tant que ce sont les mêmes institutions, le même «pouvoir» qui «gèrent» la situation, elle restera en l'état.