La colère suscitée par la décision de la direction des transports de la wilaya de Tizi Ouzou de délocaliser les stations de transport de voyageurs, ne se limite pas aux transporteurs qui ont déjà observé deux journées de grève générale, mais s'étend aux voyageurs qui nourrissent les plus folles appréhensions quant aux conséquences de cette décision. Cette délocalisation, prévue pour le 16 juin puis renvoyée au 1er juillet, a fait l'objet d'une série de rencontres avec le staff du wali, selon un communiqué de la wilaya. Ces réunions ont regroupé les opérateurs de transport et des représentants de l'association des transporteurs. Elles ont porté sur les commodités liées au confort des usagers, à leur sécurité, etc. Ces rencontres ont été suivies par une série de sorties sur le terrain du wali en compagnie des représentants des transporteurs à travers les nouvelles stations, pour la mise en œuvre des engagements, précise la même source. Ainsi, les transporteurs de Boudjima, Ouaguenoun, Aït Aïssa Mimoun, seront délocalisés dans la station du Pont de Bougie. Les navettes de cette station vers la ville seront assurées par l'entreprise publique Etuto. Ceux de Béni Douala, Ouacifs, Ouadhias, Béni Yenni, seront délocalisés au niveau de la station de Béni Douala alors que ceux de Makouda et de Tigzirt seront, suite à leur demande, transférés vers la station intermédiaire de Boukhalfa. Pour le reste, notamment ceux des communes du sud-est et de la Haute Kabylie, ils seront délocalisés dans la station de Oued Aïssi. Néanmoins, les voyageurs appréhendent les retombées financières de cette délocalisation et la perte de temps qu'elle va générer. A titre illustratif, un voyageur venant d'Iflissen, au nord, vers Tizi Ouzou via la ville côtière de Tigzirt, doit débourser plus de 200 dinars par jour pour ses frais de transport. La navette Iflissen-Tigzirt coûte en aller-retour 50 dinars. Vers la capitale du Durdjura 140 dinars et avec la station intermédiaire, ça sera 20 dinars de plus. Si le travailleur exerce à la nouvelle ville, il doit débourser encore 30 dinars pour se rendre à son travail en plus du temps perdu au moment d'effectuer les correspondances. Quelqu'un qui vient de cette région pour travailler à Tizi Ouzou déboursera environs 240 dinars/jour. Vers toutes les destinations et au bas mot on parle d'une augmentation des frais de 20 dinars. A tout cela s'ajoute l'isolement de ces stations. Celle du Pont de Bougie est un véritable calvaire. Elle est construite sur un terrain vague dans un coin isolé. Les risques d'agression ne sont pas à écarter. C'est surtout les femmes et les jeunes filles qui risquent d'en payer les frais.