Le personnel navigant commercial (PNC) de la compagnie nationale Air Algérie a mis fin à son mouvement de protestation, à l'issue de l'intervention tardive du Premier ministre et de la médiation de Sidi Saïd, le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA). Les 27 vols internationaux, dont 10 vers Paris, programmés pour hier, ont été assurés mais avec de légers retards. Selon Abderrahmane Yacef, l'adjoint du directeur de l'exploitation, «des vols supplémentaires ont été également prévus pour transporter les milliers de voyageurs pénalisés par le débrayage». Il a indiqué que ces vols devaient être programmés au fur et à mesure au cours de la journée. Selon les services de sécurité qui ont assuré la gestion de la crise de manière professionnelle, le premier vol a eu lieu en direction de Damas (Syrie) à 2h du matin et un deuxième vers Montréal (Québec), à 5h du matin. Le directeur des opérations au sol de l'aérogare d'Alger, Toubal Seghir Réda, a précisé que cette reprise des vols intervient suite aux négociations entre le syndicat du personnel naviguant commercial (PNC) et la direction d'Air Algérie. Mais selon des sources bien informées, «ces négociations n'ont pas été fructueuses et les grévistes n'ont pas eu gain de cause, et ce, malgré que la réunion entre les délégués du syndicat au nombre de quatre et l'expert financier de la compagnie s'est étalée de 23h mercredi à 3h du matin jeudi.» Selon Yacine Hammamouche, porte-parole des grévistes, «les négociations n'ont pas abouti, car leur interlocuteur ne maîtrisait pas la situation». Et d'ajouter que son syndicat a décidé de suspendre le mouvement de grève, car «il faisait confiance à nos responsables qui se sont engagés à satisfaire les revendications de la corporation». Sidi Saïd, a, en effet, entamé vers 18h jeudi des négociations avec M.Hammamouche, à la demande du collectif. Au cours de cette réunion, Ahmed Ouyahia a pris part aux pourparlers, via une communication téléphonique et s'est engagé à satisfaire la principale revendication des grévistes, à savoir le statut de personnel navigant. Il s'est également, selon la porte-parole des contestataires, engagé à suspendre toutes les procédures pénales prises par la direction de la compagnie à leur encontre. Critiquant l'attitude du PDG de la compagnie, qui a «arbitrairement» pris la décision de licencier 145 stewards et hôtesses de l'air en grève, M.Hammamouche s'est déclaré optimiste quant aux garanties reçues. Le PNC exige outre la promulgation de son statut particulier, une revalorisation salariale. A noter que le salaire net d'un steward débutant est de 35 000 DA. M. Hammamouche estime que c'est un salaire dérisoire «en comparaison avec les salaires de leurs homologues tunisiens et marocains, qui touchent 700 euros, soit près de 90 000 DA». La flotte de l'ENTMV transporte 586 passagers Au moins 586 passagers, bloqués dans les aéroports européens, ont été transportés jeudi par les trois navires de l'Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV). Selon son P-DG, M. Ahcene Grairia, le car-ferries El Djazair II a pris en charge 294 voyageurs qui n'ont pu embarquer sur des vols d'Air Algérie et 232 autres passagers devaient embarquer sur le Tariq Ibn Ziad pour regagner eux aussi Alger à partir du port de Marseille. En outre, plusieurs passagers algériens devraient rejoindre Oran à partir d'Alicante à bord du Tassili, selon M. Grairia. Amar Tou appelle à privilégier le dialogue Le ministre des Transports, Amar Tou a ouvertement critiqué la grève «sauvage» du personnel commercial navigant, déclenchée sans préavis. Intervenant mercredi à partir de M'Sila, il a déclaré que «la grève déclenchée, sans préavis, est une sanction collective infligée aux membres de la communauté nationale établis à l'étranger et désirant rentrer en Algérie», ajoutant que «les grévistes ont su choisir cette conjoncture marquée par une forte demande des services de la compagnie aérienne nationale de la part des émigrés algériens établis en Europe pour les empêcher de rentrer en Algérie». Tout en reconnaissant la «légitimité» des revendications des grévistes, le ministre a appelé à privilégier la concertation et le dialogue. M.Tou a appelé, toutefois, les grévistes à s'éloigner des «revendications irrationnelles» notamment «celles relatives à une augmentation de salaires de 106%».