La légitimité du Conseil national de transition (CNT) libyen s'est encore renforcée ce vendredi auprès des pays qui tiennent au retrait de Mouammar Kadhafi. Le CNT qui représente les rebelles a été reconnu comme «autorité gouvernementale légitime» par le groupe de contact qui s'est réuni pour la quatrième fois. Les puissances mondiales et régionales, réunies dans ce groupe, vont ainsi pouvoir apporter l'aide financière que réclame la rébellion pour combattre le régime du colonel Kadhafi. Il faut noter l'absence à cette réunion de la Russie et de la Chine. Cette décision vient au moment où l'on parle de 15 morts dans une nouvelle bavure de l'Otan. Les avoirs bloqués de l'Etat libyen seront reversés aux insurgés, aurait décidé le groupe de contact. «Reconnaissez un million de fois le soi-disant CNT, cela n'a aucune portée pour le peuple libyen qui va piétiner vos décisions», a répondu le Guide de la révolution libyenne Kadhafi. Depuis la première réunion de ce groupe, créé fin mars à Londres, l'exigence reste la même : le départ de Mouammar Kadhafi. Ce vendredi à Istanbul, l'alliance a précisé qu'elle envisageait de planifier la sortie du Guide libyen. Sur le terrain, les insurgés qui tentent des incursions ont reconnu, hier, au moins trois morts et 73 blessés dans leurs rangs. Les pays opposants à Kadhafi vont dégeler un certain nombre d'avoirs appartenant à l'Etat libyen au profit des insurgés représentés, désormais, officiellement par le CNT. Il faut rappeler que le Conseil de sécurité de l'ONU avait adopté, en février, des sanctions économiques contre le régime de Tripoli, incluant le gel des avoirs de la famille et des personnalités proches du colonel Mouammar Kadhafi. «Ce dont nous avons le plus besoin, c'est des fonds, des fonds et des fonds», a expliqué ce vendredi, en marge de la réunion d'Istanbul, Mahmoud Shammam, chargé des médias au sein du CNT. La Turquie, pays hôte de cette réunion, a aussi appelé à accroître l'aide financière aux rebelles. Ainsi Ahmet Davutoglu, le chef de sa diplomatie, a soutenu une proposition de la rébellion de distribuer à Tripoli et Benghazi pour des besoins strictement humanitaires trois milliards de dollars provenant des avoirs gelés du régime libyen, sous supervision de l'ONU. Le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a annoncé que le groupe de contact avait désigné l'émissaire spécial de l'ONU pour la Libye, Abdel Ilah al-Khatib, comme «unique interlocuteur» parlant au nom de la communauté internationale sur la question libyenne. «Toutes les tentatives pour avoir des médiations secrètes, confidentielles, avec certains pays, car il y a eu des contacts, se sont avérées très contre-productives», a commenté le ministre, sans citer un pays en particulier. Cet émissaire «est habilité à présenter un paquet politique incluant un cessez-le-feu et à négocier avec Benghazi et Tripoli», a-t-il précisé. Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé avait, également, insisté sur la nécessité pour la communauté internationale de parler d'une seule voix à ses interlocuteurs libyens.