Les fêtes de mariages et les circoncisions, célébrées, il n'y a pas longtemps en Kabylie et dans beaucoup d'autres régions avec les fameux Idhabalen ou T'babla, sont de nos jours, animées par des disc-jockeys qui ont envahi pratiquement toutes les contrées du pays. Au rythme, souvent endiablé, les invités se donnent à des danses et à une animation non stop dans laquelle la machine est maître des lieux. Les jeunes y trouvent leurs comptes avec un choix varié des chansons triées par le préposé aux «manettes magiques». Par contre, les présents notamment les personnes plus âgées regrettent les folles nuits animées par les T'babla dont les airs sont repris à cœur joie par tous. Si la ghaita dominait les chansons avec ses sons aigus, ceux du tbal beaucoup plus sonores rythment les refrains des chants choisis. Conscients du goût des uns et des autres, des disc-jockeys glissent souvent des CD de Tbabla pour pousser les récalcitrants à leur musique stridente à entrer sur la piste. C'est pour eux un mieux que rien qui leur permet de se donner un moment de joie et de plaisir en faisant bouger leur corps, avec une grande harmonie avec la musique diffusée. Néanmoins, cela est loin de remplacer les fameuses troupes de Tbabla qui sillonnaient les villages et animaient les fêtes. La ghaita, le bendir et les baguettes étaient les seuls instruments de ces hommes habillés de gandouras amples et la tête couverte de turban doré où sont accrochés des billets de banques offerts par les «spectateurs» en guise de récompense. De nos jours, des troupes de Tbabla subsistent toujours, mais se font de plus en plus rares et les gens ne font que rarement appel à leurs services. Souvent organisés en dehors de «la maison fête», les animations aux Tbabala sont souvent chahutées et «dérangées» par des personnes mal intentionnées. Ainsi et pour éviter d'avoir des bagarres et des rixes, les «fêtards» renoncent à faire appel à ces musiciens. Les plus audacieux mettent en place une surveillance des plus rigoureuses pour éviter tout dérapage et toute tentative de nuire au bon déroulement du spectacle. Les femmes d'un côté et les hommes de l'autre, l'animation est très conviviale et les entrées en lice de vieilles est très appréciée par tous. Il n'est pas écarté de voir un duel s'installer entre les danseuses et la troupe musicale. La gagne est à celui qui retient le plus la danseuse sur la piste à la force des jarrets et les musiciens à la ghaita à celle du souffle. C'est d'ailleurs, les moments les plus attendus. A l'issue, le «vainqueur» aura droit à un applaudissement nourrri et à des ovations des présents. Menés à leur terme, ces fêtes sont les plus appréciées par tous… et tout le monde préfère de loin les Tbabla aux… vacarmes assourdissants des machines disc-jockey.