Dans la commune de Yakourène, localité située à 46 kilomètres à l'est de Tizi Ouzou, et dont la plus grande proportion est constituée de forête dont le massif de 13 000 hectares qui porte le même nom, il existe des villages où tout manque ; des localités pauvres, au sens le plus simple du terme. Des villages où le mot développement est un vocable d'une autre langue que les habitants n'arrivent toujours pas à comprendre. La commune de Yakourène est composée de vingt-trois villages. Azrou, parmi d'autres, est l'un des villages qui illustre mieux cette situation. Il est oublié des responsables et des autorités. Le village Azrou, situé à 7 kilomètres du chef-lieu communal, est dépourvu de tout en plus de son isolement qui freine tout développement. Ses habitants, dont le nombre avoisine le millier d'âmes souffrent le martyre. Ce village se caractérise par l'absence totale de projets à même d'alléger un tant soit peu leur misère quotidienne et la rudesse de leurs conditions de vie. Un centre de santé et c'est tout ... Le village est dépourvu d'un dispensaire digne de ce nom. Un seul infirmier officie au niveau du seul et unique centre de soins qui existe à son niveau. Dépourvu des moyens les plus élémentaires, le centre fonctionne avec les moyens du bord. Les malades éprouvent toutes les peines du monde pour se soigner, notamment les malades chroniques et les femmes enceintes qui se retrouvent contraints de se déplacer jusqu'à l'hôpital d'Azazga situé à quinze kilomètres dans des conditions pénibles. En effet, Azrou est un village où le transport manque cruellement. La situation s'aggrave en hiver et devient plus pénible avec les importantes chutes de neige qui bloquent toute la région des jours et des jours durant. Parfois, les habitants se trouvent contraints de déplacer des malades à bord de tracteurs jusqu'à Yakourène. C'est pourquoi il caressent le rêve de voir leur localité dotée d'un chasse- neige qui pourra les soustraire de l'isolement en période hivernale. Cette période est synonyme de grande souffrance. Les habitants qui espèrent être raccordés un jour au réseau de gaz naturel éprouvent toutes les peines du monde à se procurer une bonbonne de gaz butane. C'est pourquoi ils prennent leurs dispositions bien à l'avance. La forêt leur procure le bois dont ils ont besoin pour se chauffer et cuisiner. Ils stockent des stères entiers de bois avant l'arrivée de chaque hiver. Il y a ceux qui en font même un commerce. La vente de bois de chauffage dans la région de Yakourène est connue de tous. Dans cette région de la wilaya de Tizi ouzou, ce que les responsables ne donnent pas aux habitants des villages reculés, ces derniers le prennent dans la forêt. Route impraticable et manque de transport Pour rejoindre Azrou, les chemins ne sont guère nombreux. La route qui relie le village au chef-lieu communal est dans un état piteux. Parsemée de nids-de-poule, de crevasses, elle constitue un enfer pour les habitants et les automobilistes. D'ailleurs, en matière de transport, le village est très mal loti. Les quelques taxis arrivent tant bien que mal à répondre aux besoins en la matière en plus des difficultés que génère l'état de la route pour tout déplacement. Cette route ne cause pas de la souffrance aux automobilistes seulement, elle est surtout un calvaire pour les élèves des cycles moyen et secondaire qui poursuivent leur scolarité à Yakourène. Avec l'inexistence de moyens de transport scolaire, la rareté des taxis, les 20 dinars qu'on leur fait payer pour un simple aller, les conséquences sur la scolarité des enfants sont terribles. En effet, en plus de l'absentéisme, des retards etc., nombreux sont ceux, en particulier les filles, qui mettent un terme à leur scolarité à cause précisément du manque de ramassage scolaire et de la cherté du transport et de sa rareté. Une jeunesse livrée à elle-même A l'instar de ceux des autres villages, pas seulement de Yakourène mais plutôt d'une grande partie des villages de la wilaya de Tizi Ouzou, les jeunes d'Azrou sont livrés à eux-mêmes. Le village ne dispose ni d'une aire de jeux, ni d'un stade et encore moins d'une maison de jeunes ou d'autres infrastructures destinées à cette frange de la société. Les jeunes sont livrés à eux-mêmes. Le chômage aidant, ils sont vulnérables à tous les phénomènes sociaux. D'autres préfèrent l'exode, fuir vers les villes à la recherche d'un emploi. La situation des jeunes n'est plus à décrire. D'ailleurs même avec l'existence d'infrastructures, cela ne règle rien à leur situation. Ce dont ils ont besoin, c'est d'un travail avant d'aspirer à plus. Yakourène, ce n'est pas seulement son gigantesque massif forestier, ou encore son centre de randonnée, la beauté de ses arbustes qu'on trouve à Tizi Oufella comme le chêne zen et chêne liège, ou encore la forêt des Ath Ghobri, parsemée de vestiges antiques (stèles libyques) et la montée du Mont Tamgout à 1252 mètres d'altitude, ses sources thermales et naturelles, la richesse de sa faune comme le singe magot, le chacal, le porc-épic et le lièvre. Yakourène, c'est aussi des villages isolés, oubliés, où la vie est rude.