Sur les lieux de la cité où de violents affrontements ont eu lieu,les séquelles étaient visibles, hier.Conscients et convaincus de leurs démarches, des jeunes et moins jeunes, qui disent faire partie «des citoyens d'Hydra mais de deuxième classe», s'organisent pour riposter aux violents assauts des forces de police mais également pour faire obstruction à la société Batigec en charge de la réalisation d'un parking à étage. «Nous sommes prêts à nous immoler ou nous jeter du haut des immeubles pour empêcher la réalisation du parking», lancent des jeunes qui dénoncent les attitudes violentes adoptées par les policiers lors de l'un de leurs assauts et pendant que «des personnes munies de tronçonneuses procédaient à l'abattage des arbres». «Les policiers ont adopté les mêmes pratiques que celles utilisées par l'OAS», rage un père de famille dont la porte de la demeure a été défoncée par les policiers. «Les policiers ont tenu des propos obscènes en présence des femmes et des enfants», témoignent des personnes âgées. Un des locataires, Mahenni Abdelghani, responsable du support d'information La Gazette a été violemment frappé à la tête et arrêté par les policiers mercredi dernier. Hier, au terme d'une garde à vue au commissariat central, il devait être présenté devant le procureur de la République près le tribunal de Saïd Hamdine (Bir Mourad Raïs) pour les chefs d'inculpation d'obstruction aux forces publiques, détention d'arme blanche et d'autres inculpations que les avocats tenteront de démonter. Il est utile de préciser que Me Amer Kahina a introduit une plainte officielle contre le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales pour coups et blessures volontaires et utilisation d'armes contre des civils en vertu de l'article 266 du code pénal. Mahenni Abdelghani, qui porte 32 points de suture à la tête, a été arrêté en même temps qu'un autre adolescent. Alors que nous étions sur les lieux, des employés tentaient d'extraire des carottes de terre pour une étude du sol qui doit être effectuée avant toute opération et non pas après le massacre des arbres et le décapage d'une bonne partie du terrain et ce, en dépit de la circulaire du wali d'Alger interdisant le défrichement des zones boisées en zones urbaines et que «le caractère d'utilité publique de certains projets d'infrastructures ne saurait, en aucun cas, justifier le défrichement des espaces verts». Comment cela se fait-il que les employés de la société, protégés par des policiers anti-émeute, ont-ils réussi à transgresser cette instruction ? Que cache la promptitude avec laquelle l'entreprise a entamé les travaux d'abattage et le décapage du terrain qui, vraisemblablement, constituait un renforcement des fondations de l'immeuble qui a été classé orange 4 en 2003 par le CTC suite au séisme ? Pour l'heure, le terrain ainsi décapé dégage des odeurs repoussantes. Les eaux, qui s'échappent des canalisations endommagées par les pelles mécaniques, dégoulinent et finissent leur course sur le grand boulevard menant vers Sidi Yahia. Pour les zones d'ombre entourant le projet, les citoyens exigent la présence du wali d'Alger. Il convient de rappeler qu'à la suite des affrontements, un comité de sages a été reçu par le chef de cabinet du wali pour exiger l'arrêt immédiat des travaux. Cependant, après que le mal eut été fait et que les arbres aient été abattus, Me Zaghbib a introduit une plainte en référé près le tribunal administratif de Bir Mourad Raïs. Pour l'heure, les locataires sont sur le pied de guerre et menacent de recourir à tous les moyens si une tentative de construire est menée sur le terrain qui, jadis, constituait une sorte de poumon pour les locataires. Affaire à suivre.