Détenu depuis jeudi dans les locaux de la police, Maheni, qui porte un bandage sur la tête pour cacher les 32 points de suture posés par le médecin suite aux blessures que lui ont infligées les policiers lors de son arrestation, révèle les conditions dans lesquelles il a été détenu et nous livre les propos qu'il a échangés avec le procureur de la République, dont il loue la correction. Selon lui, il a été arrêté puis roué de coups par cinq policiers usant de matraques. «Dimanche, vers 6h00 du matin, des policiers sont venus me conduire vers le dispensaire de Bir Mourad Raïs où un médecin a confirmé la présence de 32 points de suture sur ma tête, divers hématomes sur mon corps et les douleurs que j'avais à l'oreille. Par la suite, les policiers m'ont évacué vers un autre dispensaire situé à Saoula (non loin de l'école de police) pour y subir un autre examen effectué par un médecin qui recommanda la consultation d'un spécialiste ORL. J'ai expliqué au médecin que j'avais reçu plusieurs coups de matraque des policiers sur les lieux de mon interpellation (Bois des pins). Une heure après, j'ai été évacué vers Oued Semmar où se trouve un centre de police judiciaire. Sur les lieux j'ai été auditionné et les policiers ont confectionné un dossier en cinq exemplaires et y ont joint une hache et des bouteilles de cocktail molotov. J'ai ensuite refusé de signer les PV que les policiers avaient dressés. Devant le procureur de la République près le tribunal de Bir Mourad Raïs, je n'ai pas reconnu les faits qui m'étaient reprochés par les policiers. Le procureur qui était d'une correction exemplaire m'a indiqué qu'«il agirait dans la légalité en affirmant que s'il y a une décision de justice confirmant qu'il y a une irrégularité concernant le projet du parking, j'arrêterai le chantier et si une obstruction quelconque m'était faite, je rentrerai chez moi. Par la suite, il m'a dit : «vous aviez une hache et nous avons des photos». Devant cette accusation, j'ai rétorqué :«la photo montre la hache mais pas moi avec la hache», et d'expliquer que durant ces événements, nous tentions de piloter une démarche pacifique de revendication et les policiers nous sont tombés dessus et leurs provocations ont exacerbé la tension déjà très grande. Constatant que le dossier était vide, il ordonna ma remise en liberté tout en nous citant à comparaître le 2 novembre et le 6 octobre pour les mêmes chefs d'inculpation.» Maheni est visiblement exténué du fait qu'il a entamé une grève de la faim dès son arrestation et durant sa détention. Il nous rappelle que les avocats qui défendent sa cause ont déjà formulé une plainte contre le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales pour coups et blessures volontaires.