La Grande mosquée de Djenné est le plus grand édifice du monde en terre crue adobe (on dit aussi banco en Afrique) ; elle est considérée par de nombreux architectes comme la réalisation majeure du style architectural soudano-sahélien, tout en reflétant des influences islamiques. La mosquée est située dans la cité de Djenné, au Mali, dans la plaine alluviale du Bani, affluent du Niger. Un premier édifice fut construit en ce lieu au XIIIe siècle, mais la construction actuelle date seulement des environs de 1907. Marquant le centre de l'agglomération de Djenné, c'est aussi l'un des symboles les plus remarquables de l'Afrique subsaharienne. De concert avec la ville de Djenné elle-même, elle est inscrite depuis 1988 à la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. La Grande mosquée de Djenné se distingue des autres mosquées d'Afrique occidentale en ce qu'elle a été construite en un lieu vierge de tout autre édifice religieux antérieur : cet endroit était précédemment occupé par un palais. Les autres mosquées ont été construites habituellement à la place d'édifices pyramidaux coniques, en pisé ou en pierre, censés représenter les esprits protecteurs des ancêtres. Le site a été occupé par des mosquées depuis la construction de la première, qui fut ordonnée en 1240 par Koi Kunboro, avant que Djenné ne devienne l'une des principales villes des empires du Mali puis du Songhai. Le conquérant peul Amadou Lobbo, qui enleva Djenné à la suite d'une guerre sainte, fit démolir cette mosquée. Il estimait que le bâtiment d'origine, qui était un palais transformé, était trop riche. La seule partie de ce bâtiment qui ait été conservée est un enclos contenant les tombes de chefs locaux. Une restitution de l'édifice, à l'identique, fut terminée en 1896, mais fut ensuite démolie à nouveau pour faire place au bâtiment actuel. La construction de celui-ci commença en 1906, et fut probablement achevée en 1907 ou 1909. Cette construction fut supervisée et dirigée par le chef de la corporation des maçons de Djenné, Ismaïla Traoré. À cette époque, Djenné relevait du territoire de l'Afrique occidentale française et l'autorité française a probablement aidé administrativement et économiquement la construction de la mosquée ainsi que d'une madrassa voisine. Toute la communauté des habitants de Djenné prend une part active à l'entretien de la mosquée, dans le cadre de festivités annuelles, avec musique et restauration traditionnelles. L'entretien régulier de la mosquée est rendu indispensable par les caractéristiques du matériau fragile utilisé, qui subit une forte érosion par l'action conjuguée de la pluie, de l'insolation et des changements de température (génératrice de craquelures). Pendant les jours qui précèdent les festivités, on prépare des quantités adéquates d'enduit, ce qui nécessite plusieurs journées de travail. L'enduit pâteux doit être remué périodiquement, ce qui revient généralement à de jeunes enfants qui jouent dedans - ce qui assure l'agitation nécessaire. Les hommes jeunes montent sur les parois de la mosquée en s'aidant de l'échafaudage permanent constitué par les faisceaux de palmes plantés dans les murs et ils procèdent au crépissage complet de la mosquée à l'aide de l'enduit. Tout le processus est dirigé par des membres éminents de la corporation des maçons. Les anciens, qui ont eux-mêmes dans le passé participé souvent au crépissage annuel, sont assis aux places d'honneur pour regarder se dérouler l'action. La mosquée originelle abritait l'un des centres d'enseignement islamique les plus importants d'Afrique pendant tout le Moyen Âge. Des milliers d'étudiants sont passés par les madrassas de Djenné pour y étudier le Coran. Les quartiers anciens de la ville, y compris la mosquée, ont été inscrits au Patrimoine mondial de l'Unesco en 1988, compte-tenu de leur signification culturelle exceptionnelle.