L'entrée lundi sur le territoire algérien de l'épouse, de la fille et des deux enfants de Kadhafi a été saisie par le CNT pour exercer une forte pression sur Alger. Le premier événement survenu juste après le débarquement des membres de cette famille a été l'arrivée au monde de la petite fille de Kadhafi. En effet, Aïcha, l'unique fille de Mouammar, a accouché d'une fille en Algérie qu'elle a prénommée Safia. La mère et la fille se portent bien. Alger a vite informé l'opinion nationale et internationale sur la présence d'une partie de la famille de Kadhafi sur son territoire. Dans un communiqué de presse transmis mardi, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a précisé qu'Alger a accueilli les membres de la famille de l'ancien guide libyen «pour des raisons strictement humanitaires». Auparavant, le ministère avait indiqué que «l'épouse de Mouammar Kadhafi, Safia, sa fille Aïcha, ses fils Hannibal et Mohamed, accompagnés de leurs enfants sont entrés en Algérie à 8h45 par la frontière algéro-libyenne», et que cette information «a été portée à la connaissance du secrétaire général des Nations unies, du président du Conseil de sécurité et de M. Mahmoud Djibril, président du conseil exécutif du Conseil national de transition libyen». Le Conseil national de transition (CNT) n'a pas raté l'occasion pour relancer la vague d'accusation qu'il avait porté contre Alger, démentis auparavant par les autorités algériennes. Pour lui, accueillir la famille de l'ex-guide libyen est considéré comme «un comportement très imprudent», estimant que cette réaction intervient «contre les intérêts du peuple libyen». «Le gouvernement algérien est très imprudent de travailler contre les intérêts du peuple libyen. Il devrait penser à l'avenir (...). Kadhafi et ses fils sont terminés. Ils appartiennent au passé», a déclaré Guma Al Gamaty, porte-parole du CNT sur la chaîne de télévision britannique. Aussitôt l'information sur la présence des membres de la famille de Kadhafi sur le territoire algérien, le CNT demande à l'Algérie de les ramener. Lundi soir, Mohammed Al Allagy, membre de l'exécutif du CNT, l'a déclaré publiquement : «Nous allons demander à l'Algérie des les ramener en Libye», a-t-il indiqué. Il affirme qu'il demande l'extradition de la famille Kadhafi en prévision de son jugement en Libye. «Nous avons un problème avec les deux fils, Hannibal et Mohamed», a-t-il encore ajouté, soulignant que «la justice libyenne les recherche pour leur mauvaise gestion et le détournement et probablement le vol et le transfert d'importantes sommes d'argent public. Il peut s'agir de milliards». Le porte-parole du CNT est revenu sur la polémique survenue il y a plusieurs mois sur le soutien de l'Algérie au régime de Kadhafi qu'il a qualifié d'«acte d'agression». «Nous avons des preuves que le gouvernement algérien a autorisé des mercenaires à passer en Libye», a-t-il affirmé. «Il a autorisé le transport de carburant et d'armes en Libye ces six derniers mois. Il a prêté à Kadhafi sept avions en février et en mars pour permettre le transport de mercenaires en Libye», a-t-il encore souligné. L'Algérie avait démenti l'information et a eu le soutien de la France et des Etats-Unis à ce propos. Mahmoud Chammam, porte-parole du CNT, a affirmé que l'Algérie «commettrait un acte d'agression si elle accorde l'asile à la famille du colonel Kadhafi». Pour lui, «sauver la famille de Kadhafi n'est pas un acte que nous saluons ni ne comprenons», a-t-il dit lors d'une conférence de presse. «Nous voudrions que ces personnes reviennent», a-t-il souligné. Il dit ne pas pouvoir confirmer l'information selon laquelle les Kadhafi se seraient réfugiés en Algérie comme pays de transit en attendant d'aller dans un pays tiers. «Nous pouvons assurer nos voisins que nous souhaitons avoir les meilleures relations avec eux (...) mais nous sommes déterminés à arrêter et à juger la famille de Kadhafi et (Mouammar) Kadhafi lui-même», a-t-il ajouté. «Nous demandons à tous les pays de comprendre que sauver la famille de Kadhafi n'est pas un acte que nous saluons ni ne comprenons», a ajouté M. Chammam. Il affirme que le procès sera équitable. «Nous nous sommes engagés à accorder un procès équitable à tous ces criminels, et nous considérons par conséquent qu'il s'agit d'un acte d'agression», a affirmé M. Chammam.