Cela s'est passé hier, lors d'une conférence de presse organisée à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, soit 24 heures après celle tenue par Hannachi. Moussa Saïb est longuement revenu sur les conditions ayant conduit à son départ de la barre technique du club de la Kabylie. D'emblée, le conférencier dira que les arguments avancés par le responsable de la JSK pour justifier son limogeage «ne collent pas et ne tiennent pas la route». Tout en regrettant la manière dont la fin de mission lui a été signifiée, Moussa n'y est pas allé par trente-six chemins pour répondre à chacun des reproches qui lui ont été faits. «C'était préparé d'avance !» A propos de la séance de reprise des entraînements de jeudi dernier, au stade 1er Novembre de Tizi Ouzou, il dira qu'il a été question de la commencer à 18h30, chose qui, selon lui, n'a pas été respectée. «D'habitude, on arrive au stade une demi-heure avant le début de l'entraînement. Ce jour-là, je suis arrivé en retard de 15 minutes, soit à 18h15. A ma grande surprise, je trouve les joueurs déjà sur le terrain. Là j'ai tout compris. C'était préparé d'avance, sinon comment peut-on autoriser les joueurs à commencer la séance avant mon arrivée ?», indique Moussa Saïb. Et d'ajouter que «pour la réunion dont le président Hannachi a parlée et qui devait se tenir avant la reprise, je n'ai jamais été informé de la tenue de cette réunion». A croire Moussa Saïb, il est clair que Hannachi ne voulait de lui que pour gérer la période allant de la fin du précédent championnat de Ligue 1 jusqu'à l'entame de la nouvelle saison avec, au milieu, les matches de phase de poule de la Coupe de la CAF. «Le comble dans tout cela, poursuit l'orateur, c'est que je reçois, le jour même (jeudi, Ndlr), une lettre du secrétaire du club, dans laquelle les membres du comité directeur et des ‘supporters !' ont tenu à me faire part des remarques qui ont induit à mon limogeage.» Il a ainsi été reproché à Saïb le manque de résultats, de respect mutuel avec son staff technique, ses déclarations «nuisibles au club» et le manque d'effort dans le travail. «La coupe de la CAF n'était pas un objectif» Sur le premier point, Saïb dit ne pas comprendre comment la direction du club l'a jugé sur un travail qui n'a même pas été entamé. Pour lui, «la Coupe de la CAF n'était pas un objectif et à aucun moment, à mon arrivée au club, il a été question de réaliser de bons résultats. On était parti sur le principe de jouer les premiers rôles en championnat, ni plus ni moins.» Il est à rappeler dans ce sens que même le président Hannachi ne cessait de répéter que l'objectif de la JSK n'était pas la compétition africaine, allant jusqu'à déclarer : «On aurait dû laisser tomber cette compétition africaine avant la phase des poules.» «Il aurait été préférable d'attendre, comme prévu, mes résultats durant le championnat pour porter un jugement sur mon travail», pense l'ex-coach des Jaune et Vert. «J'ai été champion d'Algérie en 2008 avec le même volume de travail» Concernant l'argument du manque d'effort dans le travail, Moussa Saïb répondra avec un exemple vivant plein de sens. «En 2008, lorsque j'étais entraîneur de la JSK, on a remporté le titre de champion d'Algérie. Pourtant, mon programme et mon volume de travail étaient les mêmes que ceux appliqués actuellement en collaboration avec mes adjoints et le préparateur physique.» «J'ai une méthode de travail que j'ai apprise durant ma formation, celle qui est appliquée dans les grands club européens. A chaque joueur le volume qui lui convient. Le cas du gardien de but Asselah, parti pour 15 jours de convalescence, n'est qu'un exemple des résultats négatifs de la charge du travail», explique-t-il encore. «Cependant, enchaîne Moussa, nous faisons un travail collégial avec le préparateur physique qui est le mieux placé pour décider du volume horaire qu'il faut.» Il n'hésitera pas, par contre, de trancher : «Hannachi est un président, moi je suis un technicien. Je fais mon travail sur le terrain.» S'agissant du respect mutuel avec les membres du staff technique, l'ex-international se contentera de dire : «Je suis un homme respectueux. J'ai toujours respecté mon staff que j'ai d'ailleurs moi-même choisi. Je n'ai jamais eu de problème avec personne.» «J'assume mes déclarations à la presse» Concernant ses déclarations à la presse, le conférencier dit «assumer tout». «J'ai déclaré que Nessakh n'est pas un arrière gauche. Oui, effectivement, son poste de prédilection est milieu gauche et je trouve qu'il sera plus bénéfique de le faire jouer au milieu de terrain», explique-t-il. «Pour la question du décalage du match contre le MCA au 7 septembre, c'était pour permettre à Tedjar et à Metref de récupérer de leur voyage au retour de Tanzanie avec l'EN», a-t-il ajouté. Poursuivant ses arguments, Moussa Saïb précisera encore qu'il a déclaré que l'équipe n'était pas prête pour le championnat, «mais, cela ne voulait en aucun cas dire qu'on allait perdre nos premiers matches !» «Il y a des joueurs qui n'ont aucun match dans les jambes, à l'instar de Hemmani, Sedkaoui, etc. D'autres sont carbonisés et à genou. Je savais bien de quoi je parlais», a-t-il indiqué. Une autre déclaration qui n'était peut-être pas du goût du président, c'est lorsque Moussa Saïb a laissé entendre que l'équipe partira au Nigeria avec 13 joueurs, avant le dernier match disputé en coupe de la CAF. Sur ce point, Saïb dira qu'il avait l'intention de mettre au repos les cadres de l'équipe, pour les utiliser en début de championnat, l'objectif principal du club. «Je n'ai même pas signé mon contrat» Par ailleurs, à la surprise générale, Moussa Saïb qui dit avoir organisé cette conférence dans le but d'éclaircir certains points par rapport à son passage à la JSK, affirmera : «Je vous informe que je n'ai pas signé de contrat avec la JSK. Je suis venu pour travailler à long terme et apporter un plus au club de mon cœur. Malheureusement, les choses ont mal tourné. On a préféré mettre fin à ma mission.» Et de se demander : «Qu'est-ce qu'un contrat si ce n'est un document pour assurer ses revenus, donc son argent ? Cela prouve que je ne suis pas venu à la JSK pour l'argent.» Toutefois, Saïb n'écartera pas un retour au bercail lorsqu'il dira enfin : «Je quitte la JSK sans rancune, comme je pourrais y revenir un jour».