Alors que les conclusions de la première conférence internationales sur la Libye sont critiquées par des observateurs politiques, des puissances mondiales ayant participé à la chute de Mouammar Kadhafi annoncent une autre nouvelle réunion des «Amis de la Libye» le 20 septembre à New York. L'ONU doit jouer «un rôle de leader» dans le processus de reconstruction en Libye, a indiqué le chef de la diplomatie française, Alain Juppé. Plus de 60 pays et organisations multinationales ont pris part à la réunion de Paris. A cette occasion, les participants ont appelé à la réconciliation en Libye et ont promis de débloquer des milliards d'avoirs libyens gelés à l'étranger. Entre-temps, la Russie a invité la direction du Conseil national de transition (CNT) à venir à Moscou le plus tôt possible. «Cette rencontre portera sur l'ensemble des relations bilatérales, politiques et économiques», selon des sources russes. La Russie, qui avait critiqué l'opération militaire de l'Otan en Libye, a reconnu le CNT juste avant la rencontre parisienne. En attendant, le régime du guide n'est pas complètement tombé et c'est pour cela que l'Otan a réaffirmé sa détermination à poursuivre l'opération militaire en Libye «encore le temps nécessaire» et à renforcer «le partenariat avec les pays arabes». Le président français Nicolas Sarkozy s'est entretenu vendredi à Paris avec le secrétaire général de l'Otan, Fogh Rasmussen, sur l'intervention de la coalition en Libye et ont fait savoir qu'elle se poursuivrait encore le temps nécessaire. La conférence de Paris laisse bon nombre de questions sans réponse. Néanmoins, des observateurs avertis se déclarent incertains quant au grand nombre de défis à relever dans ce pays riche en pétrole. Ils estiment que cette conférence «est d'assez mauvais signe», car «commencer un processus de construction étatique et national par une conférence qui donne le rôle principal aux puissances occidentales, rendra encore plus difficile la mise en place d'un régime consensuel et accepté par la population libyenne», estime des experts. Il y a même «un risque que la transition échoue», ont prévenu des responsables politiques. Pourtant, bon nombre de questions clés à la transition pacifique et démocratique restent en suspens. La rébellion est «formée de courants politiques très contradictoires puisqu'on y trouve des démocrates, des libéraux mais aussi des islamistes», ont relevé des observateurs qui précisent qu'il s'agit d'abord de savoir «qui va l'emporter à l'intérieur de cette coalition très mystérieuse». La mise en garde de Mme Clinton reflète la préoccupation similaire bien que les hauts responsables du CNT aient promis à Paris que «tous les avoirs seront gérés au nom du peuple libyen et d'une manière responsable et transparente». Le colonel Kadhafi en fuite constitue définitivement un facteur de déstabilisation. Les nouveaux dirigeants en Libye, cherchant à asseoir leur pouvoir, ont annoncé leur installation prochaine à Tripoli et la formation d'une armée nationale, même si le leader déchu est toujours en fuite et ses forces continuent de résister dans quelques bastions. Cherchant parallèlement à rétablir l'ordre et à reconstruire le pays ravagé par la guerre civile, le CNT, qui doit recevoir 15 milliards de dollars débloqués par les grandes puissances, a annoncé qu'il s'installerait «la semaine prochaine» à Tripoli, après avoir siégé à Benghazi, à l'est du pays. Il a aussi demandé à ses combattants venus de province et encore présents dans Tripoli de rentrer chez eux, assurant que ceux de la capitale étaient désormais en mesure de la protéger, avec l'aide des forces de sécurité et des policiers qui devaient reprendre le travail samedi. L'Otan a d'ailleurs annoncé des frappes vendredi contre les environs de Syrte, à 360 km à l'est de Tripoli et de Bani Walid, plus au sud, deux des derniers bastions pro-Kadhafi. Hier, quelque 200 véhicules de combat pro-CNT ont avancé en direction de Bani Walid, où pourraient se cacher Mouammar Kadhafi et certains de ses fils, sans que des batailles ne se déroulent pour le moment. Les forces du nouveau régime libyen ont donné jusqu'à dimanche matin à la ville de Bani Walid où se trouverait un des fils de Mouammar Kadhafi, Saadi, a annoncé hier un responsable locale de ces forces. Les rebelles ont donné un ultimatum aux chefs de tribus de Bani Walid : soit ils lèvent le drapeau blanc et ils se rendent, soit les combats commencent. L'ultimatum expirera dimanche vers 10h (8h GMT), a-t-il précisé. Plusieurs proches de Kadhafi se trouvaient récemment à Bani Walid, un bastion de l'ancien guide en fuite.