Déclenchées depuis des années, les opérations de relogement, voire d'attribution de logements (sociaux, LSP et autres) ont, d'une part, suscité la joie et la liesse parmi les bénéficiaires et, d'autres part, exacerbé le sentiment d'exclusion et de déception ressenti par une partie des citoyens qui se considèrent «les laissés-pour-compte du gouvernement». Il est utile de rappeler que les autorités ont annoncé, par la voix du wali d'Alger ,que «des opérations de relogement de 3245 familles sont prévues durant cette semaine». Il est judicieux de préciser que depuis le mois de février 2010 à la fin de cette même année, 12 000 familles ont été relogées sur des sites différents. Le wali d'Alger avait annoncé que «35 000 familles devraient êtres relogées à l'échéance 2012». Pour la journée d'hier, plusieurs quartiers d'Alger ont été concernés par ces opérations dans une grande valse de camions. Les récentes émeutes et mouvements de contestations survenus dans divers quartiers de la capitale et sa périphérie ont été des indicateurs permettant d'affirmer que ces opérations de relogement, bien qu'elles convoitent des desseins bénéfiques, ont été truffées d'irrégularités et d'imperfections et dont seules des familles en ont douloureusement pâti. Le violent mouvement de protestation, déclenché mardi dernier par des familles dans la circonscription de la commune de Mohammadia, confirme d'une manière irréfutable «l'existence et l'usage de pratiques pernicieuses de la part de personnes exerçant au sein des différentes structures ou des organismes logeurs». La rue en connaît long et les langues déliées ne cessent de parler de favoritisme, passe -droits, népotisme et manipulations exercés au niveau de tous les maillons constituant la chaîne allant des comités de quartiers aux wilayas en passant par les APC. Des pratiques dénoncées par des centaines, voire des milliers, de familles qui en sont victimes et lesquelles, poussées par le sentiment d'exclusion, ont investi la rue pour manifester leur désarroi et leur déception. Devant ces réactions, les autorités ont adopté des attitudes quelque peu suspectées par les familles victimes et auxquelles elles n'accordent aucun crédit. Pire encore, la plupart des pères et mères de famille de même que les nouveaux couples estiment que «les autorités adoptent ces attitudes pour gagner du temps et à la limite pour tenter de réparer les erreurs découlant des pratiques précitées (favoritisme, passe-droit, népotisme etc.)» Le recours, un moyen discrédité frôlant la délation «Rédigez des recours afin de rectifier les erreurs», ont affirmé les autorités pour apaiser et contenir la colère des citoyens outrés. A ce sujet, aucun chiffre concernant le nombre de ces recours n'a été communiqué jusqu'à présent. «Je ne comprends pas pourquoi les autorités nous demandent de dénoncer les pseudos-bénéficiaires et les tricheurs alors que les tâches de recensement ont été octroyées à des comités de quartiers qui connaissent parfaitement les conditions des demandeurs, pourtant relayés par des commissions et autres entités sous l'égide des walis délégués et du wali», se sont interrogés bon nombre de personnes exclues des listes et qui se disent «faire l'objet de scandaleuses pratiques au profit de personnes non nécessiteuses et parfois nanties». A ce sujet, les citoyens des divers quartiers crient au scandale en affirmant que «des femmes célibataires, certaines de meurs légères, ainsi que des personnes possédant villas et autres patrimoines, et qui plus sont très connues par les citoyens résidant dans la même commune, ont bénéficié de logements. Le plus grave est que «tous les recours sont restés sans réponse», estiment les citoyens pour confirmer que «cette histoire de recours n'est qu'un prétexte imaginé par les autorités pour calmer les esprits et gagner du temps car il est impossible de croire qu'ils puissent déloger des gens qu'ils ont eux-mêmes logés». Par ailleurs, l'exclusion de familles bénéficiaires des listes affichées n'est pas la seule raison de la colère. En effet, le mode d'attribution des divers types de logements (F2, F3 et F4) a suscité l'indignation et fait naître un sentiment de «mépris» au sein des familles nombreuses «sommées de rejoindre des logements exigus, moins spacieux que ceux qu'elles occupaient et dont la plupart sont démunis des commodités les plus élémentaires». Cela dit, il demeure que les nombreuses familles exclues ou récalcitrantes aux décisions d'attribution constituent un véritable casse-tête chinois pour les autorités. Devant cette situation et afin d'éviter que les logements désertés ne soient réoccupés, les autorités ont adopté des attitudes drastiques en usant de la menace et de la pression. A l'instar de certains quartiers où les habitants ont refusé de quitter les lieux pour des raisons multiples, les organismes prestataires, obéissant à des instructions émanant de certaines sphères ont, tout bonnement procédé à la coupure de l'eau, de l'électricité et du gaz. Une pratique qui a exacerbé la tension en certains lieux à l'image de la commune de Mohammadia où les citoyens ont menacé de recourir à des actions de violence. Le problème du logement continue d'être l'une des préoccupations majeures du gouvernement algérien qui, par la voix du premier magistrat, a lancé «le défi de juguler la crise de logement qui avait pris des proportions alarmantes en Algérie et plus spécialement à Alger», un défi qui semble très difficile à relever au vu des aléas. Les transporteurs, premiers bénéficiaires Selon des sources sûres, «la wilaya d'Alger aurait lancé un appel à tous les camionneurs exerçant au sein de la capitale afin de concrétiser les opérations de relogement déclenchées depuis quelques temps». Selon la même source, «quelque 6000 camions auraient répondu à l'appel et sont venus proposer leurs contributions», ajoutant que «cette contribution est rémunérée sous forme de prestation de services et les camionneurs ne pourront encaisser leur dû qu'après la signature du service fait». Sur la question de la rémunération, d'autres sources indiquent que «les chauffeurs dont les camions ont été réquisitionnés dans le cadre de ces opérations percevront une rétribution forfaitaire qui avoisine les 5000 DA le voyage». Cette rémunération n'a pas été appréciée par tous les propriétaires de camions. Cela dit et dès les premières heures de la soirée, des files interminables se constituaient en certains lieux de la capitale concernés par ces opérations de relogement.