Il y a plusieurs années, au moment où la JE Tizi Ouzou (la JSK de l'époque) dominait le football algérien de la tête et des épaules, le CR Belouizdad (le CR Belcourt de l'époque), sous la conduite de son entraîneur, Abdelkader Zerrar, était confortablement installé à la seconde place du classement général. Un jour le Chabab s'était défait, non sans mal, au stade du 20-Août, de l'ASM Oran sur le score de 2 buts à 1. A la fin du match, au lieu de recevoir les félicitations et les remerciements du public pour cette performance, Zerrar avait été copieusement hué, voire insulté, car on lui reprochait que le Chabab ne gagnait pas sur de gros scores. Il nous avait alors tenu ces propos : «Tout le monde sait que la JET est hors concours. Moi, je suis deuxième derrière ce phénomène. Si je mets de côté la JET je peux dire que je suis premier du championnat. Je gagne, c'est là l'essentiel. Malgré cela, on m'attaque parce que le Chabab ne s'impose pas sur de gros scores. Les gens croient que c'est facile, qu'il suffit de demander à ses joueurs d'attaquer sans cesse pour qu'ils parviennent à inscrire le maximum de buts. Je voudrais bien que mon équipe gagne tous ses matches et sur de gros scores mais je sais que c'est impossible. Aujourd'hui, elle gagne, demain elle peut perdre, c'est ça le football. Ceux qui croient que l'on peut gagner à chaque fois sur des 3 à 0 sont des rêveurs et moi je ne suis pas un rêveur.» On s'est remémoré ces paroles samedi soir, après le match USMH-USMA parce qu'il se trouve que le coach des Rouge et Noir, Hervé Renard, nous a déclaré presque la même chose. Autrement dit, qu'il était reproché à son équipe de gagner certes mais de ne pas le faire sur des marques où s'entassent les buts. Lui aussi nous a parlé de «rêveurs qui pensent que du fait que notre équipe est composée de joueurs de qualité, elle se doit de ne gagner que sur des 3 à 0. Je regrette mais moi je vois le football autrement. Je ne suis pas un rêveur. Ceux qui le sont font fausse route. L'USMA est appelée à travailler et à souffrir si elle veut atteindre ses objectifs.» Une semaine plus tôt, l'entraîneur du CA Batna, Abdelhalim Bouaarara, avait eu cette réplique au sujet de l'USMA que son équipe venait d'affronter : «C'est le favori de la compétition mais elle n'est composée que d'hommes comme les nôtres. Je ne vois pas pourquoi on jouerait en partant vaincus d'avance.» Il apparaît, donc, que la tâche de l'USMA sera à double palier, à savoir confirmer son statut de favori en remportant ses matches mais également jouer pour satisfaire son public en lui offrant, à chaque occasion, une pelletée de buts. Pourtant, si on jette un coup d'œil sur le classement du championnat de Ligue 1, on s'apperçoit qu'il y a un seul leader et qu'il s'agit de l'USM Alger. C'est dire que cette équipe suit le programme qu'elle s'était tracée. Samedi soir, elle n'affrontait pas n'importe qui, car l'USM El Harrach fait partie de ces équipes qui ont l'habitude de terminer dans le haut du tableau et de perturber quelque fois l'ordre établi. Cette formation harrachie restait sur un succès probant et mérité à Oran face au MCO. Elle dispose de joueurs qui savent quoi faire avec un ballon et qui savent attaquer. Au final, l'USMH a perdu et les observateurs auront retenu qu'en 90 minutes de jeu le gardien de l'USMA, Zemmamouche, n'a rien eu à faire. Nous ne disons pas que l'USMA a survolé ce match et qu'elle a accompli une prestation de premier ordre. Le fait est qu'elle a muselé son adversaire et qu'elle ne lui a guère laissé d'espace pour s'exprimer. Le football c'est aussi cela, à savoir une bataille tactique qu'il faut savoir mener pour terminer en tête du tableau d'affichage et au score. Et l'USMA s'est même permise lors de ce derby de joueur à l'économie démontrant que si elle avait attaqué avec plus de conviction, elle aurait, certainement, ajouté un autre but à son compte. C'est justement ce compartiment offensif qui laisse à désirer avec des joueurs qui semblent ne pas mettre autant de cœur à l'ouvrage que leurs coéquipiers. Un Meklouche, absent samedi, aurait peut être amené la vivacité qui a fait défaut, comme celle qui avait valu à Boualem de mystifier trois joueurs harrachis sur l'action de son but. On peut dores déjà parier que ce garçon va retrouver sa place samedi prochain face à l'AS Khroub ayant été face au CAB l'attaquant le plus remuant. Un autre test pour cette équipe de l'USMA qui va devoir contenter une nouvelle fois ses exigeants supporters.