Les travaux de la tripartite, réunissant autour de la même table gouvernement, patronat, et la centrale syndicale ''UGTA'', entamés jeudi à Alger, devraient déboucher sur d'importantes décisions ouvrant la voie à l'amélioration du pouvoir d'achat des travailleurs et l'environnement des entreprises. Dans son intervention à l'ouverture des travaux de ce second sommet de la tripartite organisé en moins de six mois, le Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, a prévenu les partenaires sociaux sur la nécessité de ''la rationalité dans les propositions''. Le menu de cette tripartite porte sur huit dossiers dont le relèvement du SNMG, le régime des retraites, ainsi que des mesures de soutien aux PME. ''Nos travaux doivent tendre vers la rationalité que recommande la précarité de nos moyens nationaux, dominés par les hydrocarbures et tendre aussi vers la vigilance que recommande une conjoncture économique mondiale lourde d'incertitudes'', a déclaré M. Ouyahia. Plus précis, il rappellera que l'effort engagé par l'Etat pour approfondir le développement socioéconomique est ''une chance dont dispose encore l'Algérie au milieu d'un environnement économique international tendu et incertain, un environnement dont nous ne sommes ni isolés, ni à l'abri''. Pour autant, M. Ouyahia reconnaît qu'''il nous reviendra de dégager une réponse aux attentes relatives à l'amélioration du pouvoir d'achat". "Le gouvernement, qui a pris note, avec intérêt, des déclarations du patronat à ce sujet, abordera, quant à lui, ce dossier dans un esprit constructif", a-t-il précisé, avant d'ajouter que la question du pouvoir d'achat "ne saurait être isolée'' des importants efforts déployés par l'Etat pour la revalorisation des salaires de plusieurs catégories de salariés. Pragmatique, M. Ouyahia relèvera par ailleurs que le gouvernement espère que le débat sur le pouvoir d'achat "prendra également en considération la nécessité de sauvegarder la relance des entreprises publiques et privées'' et "n'occultera pas" l'ampleur du déficit qu'affiche désormais le budget de l'Etat. La loi de finances complémentaire 2011 (LFC2011) prévoit un déficit budgétaire de 4.693 milliards de dinars, soit 33,9% du PIB. Le creusement du déficit budgétaire prévu par la LFC 2011 est le résultat d'une forte dépense publique de 8.275 milliards de dinars dégagée par l'Etat, notamment pour la subvention des produits de large consommation et le financement de projets sociaux. De son côté, la centrale syndicale s'est déclarée ''porteuse" des revendications salariales et des préoccupations socioprofessionnelles des travailleurs, annonce son secrétaire général, M. Abdelmadjid Sidi Said. Pour M. Sidi Said, les revendications salariales et les préoccupations (socioprofessionnelles) des travailleurs sont "le point nodal de la mission syndicale" de l'UGTA. Selon lui, la participation de l'UGTA à cette tripartite s'explique par la volonté de ''soutenir les entreprises nationales afin de les prémunir de la concurrence déloyale et destructrice des règles économiques et de ses effets sur les questions sociales". "Le principal impératif (...) pour l'entreprise, est que l'emploi soit au centre de son développement, c'est notre intime conviction", a-t-il dit. Le patronat, quant à lui, attend des décisions importantes pour l'amélioration du climat de l'investissement, l'environnement des PME et des mesures de facilitations bancaires et financières. M. Reda Hamiani, président du FCE, qui participe pour la seconde fois aux travaux de la tripartite, a affirmé que le patronat était "favorable pour améliorer la situation des salariés", soulignant que le dialogue économique et social "est la clé pour trouver les bonnes solutions". Pour lui, les ressources financières obtenues à la faveur de "l'embellie financière de l'Algérie" devraient être destinées "en priorité à l'investissement productif du fait de la faiblesse de notre appareil de production". Mais, tempère-t-il, il convient de "ne pas affecter négativement" la compétitivité des entreprises privées au risque, a-t-il prévenu, "d'affaiblir dangereusement un potentiel qui représente plus de 80 % de la valeur ajoutée produite hors hydrocarbures". Il a insisté par ailleurs sur les "défaillances" du système actuel de subvention des produits de première nécessité, estimant que la méthode utilisée, à savoir l'appui direct du budget de l'Etat à des produits importés, est porteuse de "nuisances graves pour notre économie". Les autres responsables des associations patronales, ayant pris part aux travaux de cette tripartite, ont également affirmé qu'ils étaient "favorables à contribuer à l'amélioration de la situation des salariés et des entreprises". Ils ont aussi plaidé en faveur de mesures à même de promouvoir une économie basée sur une "juste répartition des richesses".