A peine entamés, les débats sur le projet de loi organique relative au régime électoral qui ont eu lieu les 4 et 5 octobre ont révélé de manière fracassante le fossé qui sépare désormais le RND, bien discipliné et qui soutient sans réserves (sur instruction d'Ouyahia) toutes les lois initiées dans le cadre des réformes engagées par le chef de l'Etat, même celles qui ne sont pas encore débattues, et le FLN, qui veut comme à l'accoutumée imposer sa vision, bien que de plus en plus décriée y compris en son sein. C'est une guerre qui ne dit pas encore son nom qui est désormais déclarée entre ces deux formations de l'Alliance présidentielle, à quelques encablures des échéances électorales. Les hostilités se sont accentuées à l'occasion des débats sur l'incompatibilité du mandat. Les députés du RND, même si cette loi les touche presque au même titre que le FLN, ont préféré adopter un profil bas, arguant qu'il faut mettre un terme à «l'hégémonie des affaires sur le politique». Ceux du FLN qui chapeaute, faut-il le rappeler, la quasi-totalité des associations ont quant à eux tiré à boulets rouges sur l'article 3 du texte qui oblige les présidents de nombre d'associations de démissionner. Même s'il y a des exceptions aux cas d'incompatibilité, comme l'a souligné le ministre de la justice, il reste qu'elles ne concernent que les activités temporaires exercées dans un but scientifique et culturel notamment, le FLN s'est senti visé par ledit texte, en témoignent plusieurs interventions virulentes de ses députés qui jouent la carte de «l'enrichissement du texte», à défaut de le rejeter catégoriquement. Le FLN qui a réussi à faire l'unanimité contre lui, y compris, susurre-t-on, le chef de l'Etat auquel certains milieux prêtent l'intention d'abandonner le titre honorifique de président du parti, n'est pas à sa première «boutade» à travers une commission des affaires juridique de l'APN qu'il dirige et qui fait la pluie et le beau temps. Souvenons-nous de l'amendement apporté en pleine séance d'adoption du code communal qui a soulevé l'ire de toute l'assemblée. Pour revenir à la loi organique portant régime électoral, le forcing du FLN a été décrié notamment concernant l'article 67 qui évoque la déchéance du mandat de tout élu qui change de formation politique ainsi que l'article 93 sur la démission des membres du gouvernement qui se portent candidats aux législatives, 3 mois avant le scrutin. La commission dirigée de main de maître par le parti de Belkhadem a tout bonnement supprimé le premier, consacrant ainsi le nomadisme politique, et amendé le 2e dont la durée devrait être ramenée à 45 jours. Le FLN refuse le fait que ses ministres démissionnent et opte pour «un congé» pendant la période électorale. Le FLN veut à tout prix garder ses ministres «tête de liste», car comme nous l'a déclaré en aparté un député de ce parti, «un ministre tête de liste, c'est synonyme d'un siège assuré». Et lorsqu'on sait que pas moins de 12 membres du gouvernement sont d'obédience FLN, il est clair que l'ex-parti unique fera tout pour, d'un côté éviter aux «potentiels élus» un choix difficile, et à travers la suppression de l'article 67, une occasion en or d'attirer quelques députés «mécontents» d'autres partis, dans «les filets» du FLN, riche de ses «hommes d'affaires». Ce forcing ne manquera pas d'irriter les députés RND, notamment pour qui le FLN manœuvre pour «casser les réformes». C'est une véritable course qui est désormais enclenchée entre les deux partis de l'Alliance à coups de déclarations et contre-déclarations. La guerre n'est pas totalement déclarée. Mais à bien considérer «la volonté du FLN» qui a déjà fait un autre «coup» en ramenant le quota des femmes aux assemblées élues de 30 à 20%, l'on s'attend à la montée au créneau du RND et même d'autres formations lors des débats consacrés à cette loi qui auront lieu jeudi prochain. Les hostilités sont plus que jamais relancées.