Le bilan négatif du mandat du RND est excusable en raison des impératifs imprévus. Belkhadem et Boudjerra veulent fermer l'oeil sur le bilan d'Ouyahia. Ils ont cherché et trouvé les circonstances atténuantes comme la maladie du président ou les partielles de Kabylie ou encore le référendum sur la charte afin de ne pas trop charger leur partenaire qui est - il ne faut pas l'oublier - encore Chef du gouvernement. Belkhadem l'a presque excusé en disant: «La charge du gouvernement en plus de la présidence de l'Alliance présidentielle, cela fait beaucoup» pour Ahmed Ouyahia qui, soulagé, esquisse un sourire. Il s'attendait au pire. Boudjerra Soltani salue en lui la «discipline». Le même Boudjerra, qui n'a pas cessé de crier au feu pendant les derniers mois, il a seulement proposé un «graissage» pour faire redémarrer la machine grippée. L'appel n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Belkhadem monte au créneau. Il présente sa feuille de route. Les lois sur la réconciliation seront effectives sous l'ère de la présidence du FLN; c'est-à-dire dans moins de trois mois, énonce-t-il lors d'une conférence tenue tard dans la soirée de samedi à dimanche. Le débat aura lieu dans quelques jours. La promulgation des lois se fera dans les semaines à venir. Selon Belkhadem, la promulgation et la mise en application des lois relatives à la réconciliation nationale constitue une priorité dans le calendrier de l'Alliance. L'amendement de la loi organique relative au régime électoral vient en seconde position. Car il n'est plus possible de maintenir la proportionnelle aux élections locales, pour assurer le statu quo dans les APC, soutient Belkhadem. «Nous avons abordé le sujet lors des débats avec nos partenaires de l'Alliance, dit-il. Nous nous sommes entendus à ce que les groupes parlementaires proposent un projet d'amendement de la loi électorale». Mais il s'agit d'une loi organique qui nécessite les deux tiers des voix du Parlement ou le veto du président pour aller vers l'amendement. Les trois partis disposent du quorum pour pouvoir introduire les amendements qui conviennent. Dans sa déclaration liminaire, Belkhadem a présenté sa feuille de route. Après les thèmes énumérés, vient l'ambitieux programme du Grand Sud et des Hauts Plateaux qui fait l'objet d'attention particulière de la part des trois partenaires de l'Alliance. C'est également le cas pour le programme du développement rural. Sur le plan législatif, les groupes parlementaires du FLN, du RND et du MSP se concerteront pour faire admettre l'amendement des lois relatives aux APC et aux APW auquel le FLN semble accorder beaucoup d'importance. Il est mieux placé pour apprécier la situation. La gestion des APC est épuisante en raison de l'absence de prérogatives bien définies. L'amendement de la loi relative à la Fonction publique constitue également une grosse lacune à combler afin de mieux préserver l'incontournable outil de travail qu'est l'homme. La question des salaires n'a pas été abordée par les trois partis de l'Alliance pendant les conciliabules de samedi soir. Elle a été effleurée par un geste tombant en «diagonale». Elle constitue cependant le sujet de discorde le plus saillant. Au FLN, «nous considérons qu'il y a décalage entre les salaires et le pouvoir d'achat», estime-t-il. La dynamique qu'on veut impulser à l'économie nationale ne peut se faire à l'insu du travailleur ou à ses dépens. La révision de la Constitution a été soulevée. Ce qui est certain, selon le nouveau président de l'Alliance, est qu'elle «se fera aujourd'hui, demain ou l'année prochaine mais elle aura lieu». Elle représente tout de même une nécessité vitale pour le fonctionnement démocratique qu'on veut amarrer aux institutions de l'Etat. «L'Alliance était en gestation pendant le mandat du RND; la naissance se fera sous la présidence du FLN. Le programme du président sera au centre des problèmes de l'Alliance. Il constitue sa matrice», ajoute-t-il. Les groupes parlementaires se devront de poursuivre le travail de concertation. Ainsi l'entendent les trois présidents de parti. Après les retrouvailles, les embrassades à effusion, l'heure a sonné. Le FLN veut démontrer qu'il peut faire mieux.