L'Alliance présidentielle semble avoir compris la démarche du chef de l'Etat. Depuis sa création, à la veille de l'élection présidentielle du 8 avril 2004, l'Alliance présidentielle a patiné sur bien des dossiers, mais les trois partis finissent toujours par trouver un terrain d'entente. L'épineux dossier de la crise de Kabylie en est bien l'une des haltes les plus houleuses pour les trois formations politiques autour du pacte présidentiel, à savoir le RND, le MSP et le FLN. Le dialogue pouvoir-archs, enclenché sur l'initiative du président de la République, a semé des divergences au sein de l'alliance. La décision de retirer ses élus locaux, comme il a été conclu dans l'accord signé entre le gouvernement et les représentants des archs, prise unilatéralement par le Rassemblement national démocratique (RND) est mal interprétée par les deux autres partis. Ces derniers ont comme flairé l'odeur de la récupération du dossier par le RND. Le fil n'est pas bien passé. D'autant plus que chacune des formations citées tentait de tirer la couverture de son côté. La pilule n'a pas été convenablement avalée par ses alliés qui sont allés jusqu'à lui reprocher de ne pas les avoir associés au dialogue. Quoiqu'il en soit, le Front de libération nationale a tenté de rattraper le temps perdu en se pliant aux lois de la République. Le vieux parti, par la voix de son secrétaire général, M.Abdelaziz Belkhadem, a pu convaincre ses 200 élus locaux de se retirer des assemblées populaires de la Kabylie. D'autant que c'est une condition sine qua non pour la concrétisation de l'un des projets les plus chers aux yeux du président de la République, à savoir la réconciliation nationale. Justement, sur ce dernier point cité, les trois partis formant l'Alliance présidentielle veulent en faire leur cheval de bataille. En effet, dès l'annonce du projet de l'amnistie générale, les «alliés» partent, chacun de son côté en campagne. Chaque parti veut faire du projet présidentiel de l'amnistie générale «sa chasse gardée». Pourtant le parti d'Ouyahia était, il y a seulement quelque temps, plutôt réservé sur ce genre d'initiative. Notamment en prenant acte du large fossé qui sépare ce parti de la mouvance islamiste. Et c'est Ouyahia, lui-même, qui a refusé de se prononcer, il y a quelques mois, sur ce dossier «tant qu'on n'en connaît pas le contenu». Néanmoins, sur le terrain c'est une autre face de la médaille qu'on constate. Le chef du groupe parlementaire du RND, M.Miloud Chorfi, est parti en campagne pour expliquer le concept de l'amnistie générale. Tout porte à croire que ce parti a mis, un tant soit peu, de l'eau dans son vin.Le Mouvement pour la société de la paix (MSP), quant à lui, soutient le projet avec autant d'acharnement qu'il avait soutenu le principe de la réconciliation nationale. Mieux, cette formation politique va jusqu'à demander la levée de l'état d'urgence. Et c'est quasiment la même direction qu'a prise le FLN qui a pris ce projet à bras-le-corps en se mettant «outrageusement» au devant de la scène politique. Reste maintenant le fameux dossier des disparus, dont le rapport a été remis au président de la République, qui reste encore en suspens. Sur ce dossier également, il est attendu un «comportement discipliné» des trois partis, même si le RND aura peut être fort à faire pour convaincre sa base, essentiellement composée de patriotes, sur la nécessité de se conformer aux directives du chef de l'Etat sur ce dossier précisément. En fait, l'Alliance présidentielle qui a déjà fait un bon bout de chemin semble avoir compris la démarche du chef de l'Etat et le soutien qu'elle réservera aux décisions du président sera sans doute sans faille.