Il manquait sans doute beaucoup de choses à la sélection nationale de football, mais l'entraîneur bosniaque Wahid Hallilodzic vient d'en colmater une brèche. La passion. Oui, la passion, il faut en mettre partout. Et Hallilodzic a réussi l'incroyable pari d'en mettre à un moment où s'installait l'amorphe résignation. Il fallait d'abord insuffler de la détermination dans un groupe en pleine démobilisation. Le nouveau sélectionneur national l'a fait, ça ne pouvait pas s'inventer, et tout le monde l'aura vu sur le terrain. Une équipe qui en voulait autant dans des conditions où il était surtout question d'en finir, ça ne tombe pas du ciel. Une élimination sans gloire, des perspectives de compétition encore trop lointaines pour susciter l'enthousiasme et une désaffection populaire difficile à réparer. Hallilodzic savait tout ça et il a pris le taureau par les cornes. Quand on l'a vu dimanche soir sur la main courante du stade Olympique, difficile de croire qu'il est venu travailler simplement parce qu'il faut bien gagner sa vie. Dans le vestiaire et avant d'arriver au vestiaire, il a dû en dire, des choses, à une bande qui donnait l'impression d'être en mutation organique. La métamorphose. Pour ce match, il a su aller à l'essentiel : redonner la joie de jouer et ressusciter la générosité dans l'effort. Il savait que ce n'était ni le jour des automatismes, ni celui de la cohésion, alors il a dû «leur» dire «montrez moi ce que vous savez, ce que vous voulez et ce que vous savez faire». Et ils ont gagné, ce qui n'est déjà pas si mal. Mais ils ont fait un peu plus tout de même. Ils ont quitté la peau des petites ambitions et oublié qu'ils jouaient pour pas grand-chose. Le baroud d'honneur ? Pas tout à fait, sinon ils auraient réintégré les petits calculs et rechaussé les petits souliers. Lui, sur un carré décidément trop exigu pour lui, il ne dirigeait pas, il n'instruisait pas, il réinventait un état d'esprit, tissait des liens et peut-être bien esquissait l'avenir. Il fallait le voir, Wahid, au fin contrôle d'un ballon échoué sur la touche, préférant apprécier l'action qui l'a amené plutôt que se lamenter sur un but manqué, enflammer les gradins plutôt que de regretter leur maigreur, booster plutôt que replacer. Hallilodzic a certainement d'autres qualités qu'il mettra au service de la sélection ; il a commencé par faire partager deux maîtres-mots de l'idée qu'il se fait du football : joie et passion. Beaucoup de choses dans le match de dimanche soir indiquent qu'il a été entendu. A commencer par la victoire, mais ce n'était tout. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir