La police a tiré des gaz lacrymogènes contre des milliers de Tunisiens qui ont manifesté, hier à Tunis, contre la chaîne de télé privée, Nessma TV, qui avait diffusé le film Persepolis. La diffusion du film franco-iranien Persepolis sur Nessma TV continue de faire du bruit en Tunisie. Nessma TV est au cœur d'une polémique depuis qu'elle a diffusé Persepolis, vendredi dernier. Une scène du film a notamment provoqué cette colère : elle représente Dieu sous les traits d'un vieil homme barbu, alors que l'Islam interdit toute représentation divine ou du Prophète. Dimanche dernier, des «salafistes» avaient tenté d'attaquer les locaux de la chaîne avant d'être dispersés par la police. Deux jours plus tard, le PDG de Nessma, Nabil Karoui, présentait ses excuses au peuple tunisien. Mais ces excuses n'ont pas suffi à apaiser la colère des gens et la plupart des prêches de vendredi dans les mosquées de Tunis ont été consacrés à cette affaire. La manifestation en question avait commencé pacifiquement, justement à la sortie d'une mosquée du centre de la capitale. Hommes et femmes criaient «Allah Akbar» et des slogans hostiles à Nessma. Nessma TV est détenue par le groupe publicitaire tunisien Karoui & Karoui World et le groupe italien Mediaset appartenant au président du Conseil italien Silvio Berlusconi, ainsi qu'à l'homme d'affaires tunisien Tarak Ben Ammar. Créée du temps de la dictature de Ben Ali, cette chaîne a été accusée au début du soulèvement populaire tunisien d'être du côté de l'ex-président. Certains n'hésitent pas à dire que le groupe de Karoui fait partie du clan de Ben Ali.