Le développement local nécessite une planification et une prise en considération des spécificités et de la vocation de chaque région dans l'élaboration des programmes d'investissement, ont affirmé dans la nuit de dimanche à lundi à Oran les chefs de l'exécutif de quatre wilayas de l'ouest du pays. Les walis d'Oran, Mostaganem, Mascara et de Relizane ont souligné, lors d'une rencontre de concertation sur le développement local en présence d'une délégation du Conseil national économique et social (CNES), la nécessite de passer de l'improvisation à la planification, et de consulter l'exécutif et les représentants des populations locales avant l'élaboration des programmes d'investissement destinés à leurs wilayas. A cet effet, le wali de Mascara a estimé qu'il est temps de commencer à élaborer une stratégie de développement propre à chaque territoire en mettant en synergie l'ensemble des acteurs locaux autour d'une "cellule d'animation économique locale". Cette cellule regroupera, selon lui, les représentants de la commune, des institutions publiques et des associations de quartiers ou de villages dans le but de constituer une force de proposition et un partenaire fiable pour l'élaboration de programmes de développement compatibles aux pratiques de la bonne gouvernance. Il s'agit d'un observatoire de développement local, qui a pour vocation de donner son avis sur les politiques relevant des collectivités locales, a-t-il ajouté. Le wali de Mascara a recommandé également la création d'entités inter-wilayas permettant une meilleure application des programmes de développement communs à plusieurs wilayas relevant d'un même territoire. Pour sa part, le wali de Mostaganem a indiqué que "l'improvisation dans l'élaboration des programmes de développement a eu des conséquences négatives sur le développement local dans les différentes régions du pays", ajoutant qu'il est désormais nécessaire de consulter les citoyens qui sont les premiers concernés. Il a recommandé, par ailleurs, une refonte de la fiscalité locale pour permettre aux collectivités locales de disposer de ressources supplémentaires pour développer leur territoire. Il est préconisé, à ce titre de revoir le système actuel de recouvrement des taxes et impôts au niveau du lieu de domiciliation des sièges sociaux des entreprises qui sont installées pour la majorité dans les grandes agglomérations, alors que leurs activités se trouvent parfois à l'intérieur du pays. Pour lui, il est impératif d'accorder aux collectivités locales "plus prérogatives et une flexibilité dans la gestion économique des territoires". Cette flexibilité permettra aux responsables locaux de cibler les régions sous-développées, et de mettre en place des mesures incitatives à la création d'activités dans le cadre d'un "contrat territorial" où l'ensemble des intervenants dont les banques et les entreprises s'associent à développer une zone à promouvoir. Il a déploré, d'autre part, que malgré les efforts déployés par l'Etat, la qualité du service public reste "en deçà du niveau requis" en raison d'un manque accru des moyens matériels et d'un sous-encadrement des communes. "L'amélioration de la gouvernance des collectivités locales passe, a-t-il dit, par leur dotation en moyens humains en adéquation avec les missions qui leurs sont incombées", a-t-il ajouté. Le wali d'Oran a affirmé, quant à lui, qu'il serait plus efficace de procéder à la décentralisation de la gestion de la totalité des projets relevant du budget d'équipements publics implantés sur le territoire de la wilaya. Le développement local et la prise en chargé des préoccupations des populations exigent, a-t-il dit, l'octroi aux wilayas de crédits de paiement partiel en rapport avec la consistance du projet et du délai de sa réalisation et de laisser l'initiative aux autorités locales pour le choix de l'option d'études des projets d'équipements en fonction de leurs besoins. Il a appelé, à ce sujet, à la réduction des délais dans le traitement des projets de documents contractuels par la Commission nationale des marchés publics qui prend au minimum une année et de cibler les organes de presse les mieux côtés pour publier les appels d'offres. Le wali d'Oran a préconisé, d'autre part, à la mise en place de "directoire de conseil et de suivi" qui sera chargé de gérer la conception et la réalisation des grands projets stratégiques, car, selon lui, "les bureaux d'études ne sont pas assez équipés pour assumer cette tache". De son côté, le wali de Relizane a affirmé que la prise en charge de la demande sociale exige des programmes cohérents, élaborés en concertation avec un mouvement associatif dynamique et représentatif. La création d'emplois permanents et la révision des mécanismes d'attribution des différentes aides sociales notamment pour l'acquisition d'un logement, figurent selon lui parmi les impératifs d'un développement local. L'intervenant a demandé également l'introduction de nouveaux textes réglementaires interdisant et pénalisant l'occupation illégale des espaces publics par l'édification de constructions précaires et pouvoir ainsi éradiquer le phénomène des bidonvilles. Après les interventions des walis la veille, la journée du lundi sera consacrée aux interventions des représentants de la société civile et des élus locaux d'Oran, Mostaganem, Mascara et de Relizane.