La Syrie a exprimé ses réserves sur la résolution de la Ligue arabe appelant à une conférence de dialogue national au Caire, rejetée par l'opposition. Dans sa résolution adoptée à l'issue de la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères dimanche soir au Caire, la Ligue arabe appelle au dialogue national entre le gouvernement syrien et l'opposition afin de "mettre fin aux violences" et "éviter une intervention étrangère" dans ce pays, en proie depuis des mois à un mouvement de contestation réclamant des réformes politiques et sociales. Par la voix de son représentant au sein de la Ligue arabe, M. Youcef El-Ahmad, Damas a exprimé ses réserves sur cette résolution, soulignant que la Syrie "est un pays souverain et indépendant capable de gérer ses affaires et défendre ses intérêts", selon l'agence de presse Sana. "Tout dialogue national syrien ne doit avoir lieu qu'en Syrie et en présence de toutes les parties concernées et de la Ligue arabe avec des garanties et mécanismes globaux", a insisté M. El-Ahmad lors de la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères. L'opposition syrienne a de son côté complètement rejeté la résolution la qualifiant de "décision morte". La conférence de dialogue, proposée par la Ligue arabe, aura lieu dans une quinzaine de jours au Caire, avait indiqué le ministre qatari des Affaires étrangères, Cheikh Hamad Ben Jassem. Malgré d'importantes réformes engagées par le président syrien Bachar El-Assad, un climat d'instabilité régnait dans le pays en raison des violences qui continuent d'émailler les manifestations anti-gouvernementales. Confronté à une forte pression de la rue, le gouvernement syrien avait réitéré plusieurs fois sa détermination à accomplir toutes les réformes promises, dont notamment des élections générales avant la fin de l'année en cours. Ces élections "générales auraient lieu avant la fin de l'année et un nouveau Parlement élu se chargera de réviser les lois adoptées" récemment, avait assuré le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem. Mais ces mesures n'ont pas apaisé la tension du fait de la poursuite des manifestations de l'opposition qui réclament le départ du président El-Assad. Préoccupé par la situation d'instabilité en Syrie en raison de la poursuite des violences, le président du Parlement arabe, Ali Salem El-Daqbassi, avait appelé dimanche la communauté internationale à prendre les "dispositions nécessaires et urgentes" face à la recrudescence des violences en Syrie et au Yémen. Il avait souligné "la nécessité pour le Conseil de la Ligue arabe de prendre des décisions palpables de façon à réponde aux aspirations des peuples syrien et yéménite" et pour les protéger "de la violence". Les violences en Syrie ont de nouveau soulevé lundi la réaction des Nations unies, appelant à la fin immédiate des violences dans le pays. "Les tueries en Syrie doivent cesser", a réitéré à Berne le chef de l'ONU Ban Ki-moon. "J'ai demandé instamment au président El-Assad de stopper ces tueries, qui sont inacceptables, avant qu'il ne soit trop tard", a ajouté le chef de l'ONU. Dimanche, deux membres des forces de sécurité syriennes ont été tués et deux autres blessés dans une attaque menée par "un groupe terroriste armé" dans la province de Hama, dans le centre du pays, selon l'agence de presse SANA. D'autre part, au moins dix civils ont été tués vendredi dans des affrontements entre les forces de l'ordre et des manifestants de l'opposition dans plusieurs villes syriennes. Selon des estimations des Nations Unies, 3000 personnes ont été tuées en Syrie depuis le début de la crise en Syrie. Damas, qui avance le chiffre de 1400 morts entre civils et militaires, attribue ces violences à des "gangs armés qui cherchent à déstabiliser le pays", dénonçant "un complot étranger" contre la Syrie. La Syrie avait été visée par un projet de résolution occidental qui portait sur des mesures punitives ciblées contre le régime syrien. Conçu par la France, l'Allemagne, le Portugal et la Grande-Bretagne, ce projet de résolution avait échoué lors d'un vote au Conseil de sécurité de l'ONU en raison du veto de la Russie et la Chine.