Moscou pourrait accueillir les négociations entre les autorités syriennes et les représentants de l'opposition réclamant le départ du président Al-Assad, a annoncé le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov. «Nous avons examiné la possibilité de proposer aux Syriens, aux autorités comme à l'opposition, de choisir un lieu à l'extérieur de la Syrie pour mener un round de négociations, par exemple, Moscou», a déclaré M. Bogdanov samedi au terme de la conférence «Récents changements dans le monde arabe», tenue dans le cadre du forum international «Dialogue des civilisations», sur l'île grecque de Rhodes. Le 4 octobre, le Conseil de sécurité de l'ONU a toutefois échoué à adopter une résolution menaçant le régime syrien de sanctions, la Russie et la Chine ayant opposé leur veto au projet jugé contreproductif. «Nous sommes persuadés qu'on ne parviendra pas à régler d'un seul coup tous les problèmes qui se sont accumulés en Syrie depuis longtemps, surtout si l'on fait recours à la force. C'est pourquoi nous estimons que seul le dialogue politique réunissant toutes les forces constructives du pays peut remédier à la situation», a indiqué M. Bogdanov. En ce sens, une délégation de l'opposition syrienne est attendue demain à Moscou, a rapporté l'agence de presse Itar-Tass, citant un officiel de haut rang du ministère russe des Affaires étrangères. «Nous sommes prêts à les recevoir au ministère des Affaires étrangères. Cela pourrait avoir lieu le 11 octobre s'ils peuvent arriver à cette date», a affirmé le vice-ministre des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov. Cette délégation de l'opposition syrienne, composée de «cinq ou six représentants de plusieurs partis politiques d'opposition», rencontrera des diplomates russes de manière non officielle, a expliqué M. Bogdanov. «Nous sommes prêts à écouter les arguments de l'opposition au régime de Damas», a-t-il ajouté. Arrivée d'une délégation latino-américaine Par ailleurs, une délégation de haut niveau d'Amérique latine est arrivée samedi soir en Syrie pour exprimer son soutien à ce pays et exprimer son rejet de toute forme d'ingérence étrangère dans les affaires intérieures syriennes. Cette délégation est composée des ministres des Affaires étrangères du Venezuela et de Cuba, du ministre bolivien des Médias et de la Communication et des vice-ministres des Affaires étrangères de l'Equateur et du Nicaragua. Les membres de la délégation vont s'entretenir avec le président syrien Bachar Al-Assad. Dans un communiqué publié avant son départ, le ministre vénézuélien des Affaires étrangères Nicolas Maduro a indiqué que les pays latino-américains étaient contre «toute forme d'ingérence des Etats-Unis contre la Syrie». Damas déterminée à poursuivre le processus de réforme Entre temps, le régime en place se dit déterminé à poursuivre le processus de réforme. Le ministre syrien de la Défense Dawoud Rajha a indiqué que la Syrie était déterminée à poursuivre le processus de réforme et de développement, afin de placer la Syrie à l'avant-garde des Etats démocratiques de la région, et il a averti que la Syrie ne tolèrerait jamais les actes de violence visant à déstabiliser le pays. Selon le ministre, certains partis appellent à l'intervention étrangère pour «mettre à mal le pays et le détourner de ses principes», et ceci a été clairement montré par l'invention de fausses nouvelles et d'événements fictifs destinés à tromper l'opinion publique mondiale. Toujours selon M. Rajha, les «conspirateurs» ont fait appel à des groupes terroristes armés pour mettre en oeuvre leurs plans sur le terrain par le meurtre de cadres militaires, de scientifiques et d'intellectuels et par des actes de sabotage et de destruction. Les autorités promettent aussi de prendre des mesures contre les pays qui reconnaîtront le CNS, rapportaient hier dimanche les médias européens citant le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem. «Nous allons prendre des mesures importantes contre tout pays qui reconnaîtra ce Conseil illégitime», a indiqué M. Mouallem au cours d'une conférence de presse organisée à Damas. L'opposition accuse le gouvernement de «répression militaire» L'opposition syrienne a dénoncé samedi la «répression militaire» de la part du gouvernement, affirmant que cela rendrait les manifestants plus déterminés dans leurs protestations pacifiques. L'opposition a tenu ces propos dans un communiqué publié samedi après s'être rassemblée jeudi dans la région de Halboun, à 30 km de la capitale Damas, réitérant son rejet à toute intervention militaire étrangère dans les affaires intérieures syriennes. «La révolution l'emportera, du fait que la violence du régime provoquera davantage d'insistance en faveur d'une révolution pacifique», a souligné l'opposition dans le communiqué. La répression militaire «compliquera la crise et entraînera davantage d'intervention étrangère et de violence interne», selon le communiqué. Aucun dialogue avec le gouvernement ne sera possible sauf si ce dernier retire ses forces armées des rues, arrête les meurtres et arrestations aveugles, et autorise les manifestations pacifiques, a déclaré un leader de l'opposition, Abdoul-Aziz al-Khair. L'ambassade de Syrie à Berlin envahie par des manifestants Une trentaine de manifestants ont pénétré dans la nuit de samedi à dimanche dans l'ambassade de Syrie à Berlin, où ils ont croisé l'ambassadeur syrien, rapportent dimanche les médias européens citant des sources policières. «Le diplomate a fait appel à la police allemande et lui a demandé de prendre des mesures sur le territoire syrien», a annoncé un porte-parole de la police. Les policiers ont escorté les manifestants vers l'extérieur du bâtiment de l'ambassade. L'incident n'a pas fait de victimes. On ignore toujours si les manifestants étaient de nationalité syrienne.