Samedi 8 octobre 2011. Le match amical USMA-EN olympique, qui s'est joué sur le terrain du stade de Rouiba, est terminé depuis une vingtaine de minutes. Quand nous nous sommes approchés du vestiaire de l'équipe algéroise, nous avons trouvé son entraîneur, Hervé Renard, debout dans le couloir juste à côté de la porte dudit vestiaire. Il était en train de consulter des SMS sur son téléphone. «Ah ! je suis vraiment content, nous a-t-il lancé en nous voyant. Mes amis zambiens viennent de se qualifier à la CAN. J'ai le SMS là sous les yeux.» Nous ne nous sommes pas empêchés de lui demander : «Apparemment, vous êtes encore attaché à ce pays et à son équipe.» Et lui, de nous répondre : «Plus que jamais. S'ils me font appel je n'hésiterais pas à y aller.» Renard s'est lancé ensuite dans une tirade de critiques sur le football algérien, notamment son public qu'il trouve peu sportif. Nous avions, alors, mis cette révélation du coach usmiste sur le compte de la colère qui couvait en lui à ce moment-là. Effectivement, lors du match contre les Olympiques, il y avait eu un incident que la presse n'avait pas jugé utile d'en parler. Il s'agit de l'intervention orale d'un spectateur, à la voix particulièrement forte, assis dans la tribune d'honneur. Ce spectateur s'en était pris à Renard et sur sa manière de manager. La chose en serait restée là si elle n'avait pas provoqué une violente réaction de l'entraîneur de l'USMA, lequel avait oublié le match pour se tourner vers l'individu en question pour lui répondre en des termes très durs. D'ailleurs, lorsque nous l'avions abordé devant les vestiaires de son équipe, après le match, et une fois qu'il nous avait parlé de son envie de retourner en Zambie, il nous avait fait part de sa grande déception de voir les tribunes d'honneur chez nous être envahies par des gens peu respectueux. Plus de rapport avec la presse Il faut savoir, également, qu'Hervé Renard ne s'adresse plus à la presse. Quand il s'agit de parler de son équipe, il délègue cette mission à ses adjoints, notamment le préparateur physique de l'équipe, Patrice Beaumelle. Ce refus de parler aux journalistes date du premier match de la saison contre le CA Batna, au stade de Bologhine. La semaine qui avait précédé ce match avait été marquée par des spéculations de certains titres de la presse nationale qui indiquaient que la direction de l'USMA était en contact très avancé avec Meziane Ighil, qui venait de démissionner de l'ASO Chlef, pour prendre en main le staff technique du club des Rouge et Noir. Nous avions, alors, pris attache avec le directeur général de la SSPA-USMA, Mouldi Aïssaoui qui nous avait affirmé que cela n'était que pure affabulation. Il n'était pas du tout question de remplacer Renard par qui que ce soit. Il n'empêche que lors de la conférence de presse après le match du CAB, une question d'un journaliste avait porté sur la rumeur de son remplacement par Ighil. Une question qui avait mis le coach usmiste dans une certaine colère qui l'avait poussé à répondre : «Je ne suis au courant de rien. Mais si Ighil doit venir pour prendre ma place, je souhaite qu'avec lui l'USMA se mettra à gagner tous les matches.» Trois jours plus tard, nous nous sommes rendus au stade de Bologhine pour une conférence de presse donnée par quelques joueurs. Nous avions trouvé Renard dans son bureau, seul. Il nous avait, alors, fait la révélation suivante : «Je crois que j'ai mal agi lors de la conférence de presse après le match contre Batna. En fait, je me suis mal exprimé. Je n'aurais jamais du répondre sur la question concernant Ighil. J'ai été vraiment bête. Quand je suis venu à l'USMA c'était parce que le projet que m'avait proposé Ali Haddad m'avait séduit. Je me suis engagé dans la réussite de ce projet. Il était mal venu de ma part de parler de la sorte alors que j'ai la confiance de mon patron.» Depuis le match contre le CAB et sa sortie sur le sujet concernant Ighil, Renard ne s'est plus exprimé devant un journaliste d'une manière officielle soit par le biais d'une interview, soit par l'entremise d'une conférence de presse. «Personne ne s'immiscera dans mon travail» Le samedi 1er octobre, l'USMA avait subi sa première défaite de la saison face au MCEE, à El Eulma. Le lendemain, des titres de la presse nationale avaient rapporté que le représentant d'Ali Haddad, le président de la SSPA, à savoir son frère Rebbouh Haddad, aurait été très en colère et n'aurait pas hésité à fustiger Renard auquel il aurait reproché ses choix tactiques. Après le match amical contre l'EN olympique nous avions interrogé le coach usmiste sur la véracité ou non de cette information. Sa réponse avait été la suivante : «Le jour où on se permettra de venir me critiquer sur mon travail et mes choix, je ne resterais pas une minute de plus. Je suis toujours là, ça prouve que tout ce qui a été dit sur Rebbouh Haddad après le match d'El Eulma est faux.» Mercredi dernier, nous nous sommes rendus au stade de Bologhine pour l'habituel conférence de presse d'avant-match de certains joueurs de l'USMA. Nous avons trouvé Renard en train de ranger le matériel d'entraînement. En nous voyant, il nous a salués de la main et nous ne nous sommes pas empêchés de lui demander pourquoi il refusait de s'exprimer en conférence de presse. «Je laisse cet exercice à mes joueurs, nous a-t-il répondu. Ce sont eux les acteurs. Moi je préfère me taire car on pourrait mal interpréter mes dires. On m'a bien donné comme partant et remplacé. En tout cas, s'il y a un homme qui est capable de m'enlever de l'USMA, c'est bien Ali Haddad et aucun autre.» Il faut croire que c'est lui qui a choisi de partir en faisant jouer la clause de son contrat qui parle de son éventuel départ en cas de contact avec une sélection nationale étrangère.