La justice tunisienne a refusé mardi de reporter l'audience sur la demande d'extradition de l'ex premier ministre libyen Al-Baghdadi Al-Mahmoudi, émise par Tripoli, comme le réclamait la défense, ce qui "ne présage rien de bien", a déclaré l'un des avocats Mabrouk Kourchid. Dès l'ouverture de l'audience devant la cour d'appel de Tunis, Me Kourchid a justifié sa demande de report par le fait que des documents avaient été ajoutés au dossier lors des derniers jours et que la défense n'avait pas pu en prendre connaissance en raison des fêtes musulmanes de l'Aïd. "Nous sommes très déçus de la prise de position du juge qui ne présage rien de bien quand à ses intentions", a dit Me Kourchid. Aucune explication n'a été donnée à cette décision, a-t-il ajouté. M. Al-Mahmoudi, 70 ans, comparait depuis la mi-journée devant le juge Ezzedine Bouzara, alors que des dizaines de manifestants libyens se sont rassemblés devant le tribunal pour obtenir de la justice tunisienne l'extradition de celui qu'ils nomment "le troisième tyran de la Libye" (après Khadafi et son fils Seif-Al-Islam). "Le peuple libyen a le droit d'appliquer la loi à ceux qui ont volé le peuple", pouvait-on lire sur une des banderoles. M. Al-Mahmoudi est sous le coup d'un mandat d'amener des autorités de Tripoli. Premier ministre jusqu'aux derniers jours du régime du colonel Kadhafi, il avait été arrêté en Tunisie le 21 septembre près de la frontière algérienne et condamné en comparution immédiate à six mois de prison pour "entrée illégale" sur le territoire, avant d'être acquitté. Il avait toutefois été maintenu à la prison de la Mornaguia, près de Tunis, dans l'attente d'une décision concernant la demande d'extradition transmise par Tripoli.