Les commerçants spécialisés dans la friperie se sont rassemblés hier devant le siège de la wilaya d'Oran pour protester contre la loi votée par l'APN interdisant l'importation de la friperie et des vêtements utilisés. Cette action intervient après un rassemblement tenu le 24 octobre à Alger et un sit-in observé le 2 novembre dernier au niveau du marché de la friperie d'El-hamri à Oran. Les protestataires qui ont remis une plate-forme de revendications aux représentants du wali se disent prêts à durcir leur mouvement si aucune suite n'est donnée à leur principale exigence : le rétablissement de l'importation de la friperie et des vêtements d'occasion. «Nous deviendrons tous des Bouazizi (l'étincelle qui a embrasé la Tunisie)», ont-ils menacé. Pour la seule ville d'Oran, ils sont plus de 1000 commerçants à exercer dans le secteur. «Nous rendons service aussi bien aux couches défavorisées qu'aux nanties. Chaque étal crée un minimum de 2 emplois permanents qui sont l'unique gagne-pain de familles entières. Nous vendons chaque semaine près de 1 million de pièces dans le seul marché d'El-hamri. Venez voir un samedi et vous constaterez le rush des clients venus s'habiller à moindre coût», diront-ils. Pour eux, le vote de la loi est inique et contraire aux fondements du libre marché et de l'ouverture économique. «Nous sommes les victimes d'alliances contre nature dans le parlement. Le PT a monnayé son soutien à la loi instaurant des quotas pour les femmes dans les listes électorales contre le ralliement de députés RND à sa guerre contre le commerce de la friperie», feront remarquer des animateurs du rassemblement d'Oran. Ces derniers font remarquer que la marchandise (la friperie) n'est admise en Algérie qu'après l'aval du ministère de la santé et des organismes chargés de la protection de la santé publique. «Les produits chinois, de piètres imitations, sont à l'origine de graves affections cutanées et autres et on leur prépare le terrain par cette décision d'importation de la friperie et de vêtements d'occasion», diront nos interlocuteurs. «Actuellement, nous sommes près de 3 millions de commerçants activant dans le secteur à l'échelle nationale. Certains étals ont vu le jour grâce aux dispositifs de soutien à l'emploi de jeunes. Ce n'est pas normal de retirer d'une main ce qu'on donne avec une autre. L'interdiction de l'importation est contraire aux orientations du chef de l'Etat pour la création de l'emploi en faveur des jeunes. Ceux qui l'ont votée doivent assumer leurs responsabilités car nous n'allons pas nous taire», diront-ils. «Comment expliquer qu'une loi votée au mois de mai soit révisée deux mois plus tard dans le cadre du débat par l'APN sur la loi de finances 2012 ? Ce n'est pas normal», diront nos interlocuteurs. Les animateurs du mouvement de protestation ne manqueront pas d'affirmer que l'Algérie qui négocie son adhésion à l'Organisation mondiale du commerce ne doit pas se permettre de «suicider» des secteurs économiques pourtant prospères à travers le monde. «Nous ne sommes pas mieux que les allemands qui se vantent d'être la plaque tournante de ce commerce grâce au marché mondial installé à Hambourg, ou des français qui leur disputent le leadership dans le domaine. Le président de la fédération de l'industrie du textile en Algérie a soutenu que la production algérienne couvrira en 2015 près de 75% de la demande nationale, mais d'ici là, comment offrir aux consommateurs des vêtements à leur portée ? s'interrogent les animateurs du mouvement qui se disent prêts à engager d'autres actions d'envergure dans les prochains jours.