Au Sénat, la Loi de finances complémentaire a été adoptée et avec elle, l'article portant autorisation d'importer la friperie. Le bras de fer sénateurs-députés n'a pas eu lieu et dans les rangs des travailleurs du textile, la colère monte. «Autant autoriser l'importation de la drogue !», a lancé le SG de la Fédération. «Autant autoriser alors l'importation de la drogue !», a déclaré Amar Takdjout de la Fédération nationale des travailleurs du textile et des cuirs (FNTTC). Allusion faite à l'argument avancé par Mahmoud Khedri, ministre chargé des Relations avec le Parlement quant à l'autorisation de l'importation de la friperie. M. Khedri avait justifié cette mesure par le fait que «même en période d'interdiction, ces vêtements étaient introduits en Algérie par voie terrestre, alors autant permettre leur importation via les ports par des importateurs déclarés et qui possèdent des unités de traitement pour ce type de vêtements». Sarcastique, M. Takdjout a fait le parallèle avec la drogue qui entre en Algérie par toutes les voies, et pour lui rien ne devrait donc interdire son importation au vu du raisonnement tenu par le ministre. Le président de la FNTTC s'est dit «scandalisé» après l'adoption de la loi de finances complémentaire 2011, dont l'article autorisant l'importation de la friperie par les deux chambres. «Franchement, je suis scandalisé par ce genre de proposition qui va à l'encontre du développement du secteur du textile en particulier et du pays en général», a-t-il déploré. A l'appel de la FNTTC, un rassemblement s'est tenu hier mercredi devant le siège de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) à Alger pour protester contre la réintroduction de l'article portant sur l'importation des vêtements usagers dans la LFC 2011. «La manifestation d'hier à Alger n'est que le commencement d'autres actions similaires qui vont suivre», promet le président de la FNTTC, tout en assurant qu'il continuera à mobiliser l'ensemble des employés relevant de ce secteur pour faire barrage à l'importation de la friperie. Il faut dire que le vote sur cette loi a été presque une formalité, en dépit d'un intense débat qu'avait suscité ledit texte laissant même planer le doute quant à son adoption par les membres du Conseil de la Nation. Des membres du Conseil interrogés, à l'issue de l'adoption de cette loi, ont affiché leur opposition à l'article «7 bis». Mais ils ont expliqué en revanche qu'ils ne pouvaient rejeter une loi contenant d'importantes mesures sociales et économiques en raison d'un article qui pourrait être abrogé dans la prochaine loi de finances. L'autorisation serait conjoncturelle pour quatre ou cinq mois seulement, à en croire Lakhdar Sidi Athmane, un député du RND. «Nous avons marqué notre position sur cet article (...) J'estime que les autorités et même les membres de l'APN vont prendre cette position en considération», a-t-il ajouté. La filière de la friperie compte environ 70 importateurs et quelque 15 000 commerçants activant dans la revente en l'état de ces vêtements.