Le changement opéré jeudi 17 novembre à la tête de Sonatrach n'a pas échappé à la vigilance de Ahd 54 d'Ali Fawzi Rebaïne, qui vient d'être réélu à la tête du parti, à l'issue des travaux de son 4e congrès extraordinaire. «Le régime utilise Sonatrach pour ses intérêts personnels», a dénoncé, hier, M. Rebaïne à l'occasion d'une conférence de presse tenue au siège du parti à Alger-centre. Nordine Cherouati, après dix-huit mois d'exercice, n'est plus le président-directeur général de la plus grande entreprise nationale et africaine depuis la fin de la semaine passée. Il a été limogé sans explications. A sa place, le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a installé Abdelhamid Zerguine. Avant cette promotion, M. Zerguine assurait la présidence de Samco, filiale de Sonatrach et de l'italien ENI, chargée de la commercialisation du gaz. Le siège de Samco est à Lugano, en Suisse. «Quelle coïncidence !», s'est exclamé le président de Ahd 54 à l'évocation du nom du nouvel homme fort du groupe. «En janvier 2010, 15 hauts cadres du groupe pétrolier, dont le PDG Mohamed Méziane, ont démissionné de leur poste après avoir été inculpés par la justice dans une affaire de malversation présumée. Suite à ce «scandale», Mohammed Rédha Hemche, ex-directeur de cabinet du PDG de Sonatrach et neveu de Chakib Khelil -qui était ministre de l'Energie au moment des faits-, est officiellement mis en retraite avec une allocation de fin de carrière de 8 millions DA. M. Hemche, qui serait le protégé de M. Khelil, quitte Alger ; il aurait été envoyé en Suisse travailler au sein de la Samco que dirigeait M. Zerguine. Son nom a été cité comme étant l'un des premiers responsables de passage de marchés douteux et non réglementaires au sein de Sonatrach. Le juge a donc décidé de lancer un mandat d'arrêt international contre lui». «L'actuel dirigeant de Sonatrach était en Suisse. Il a accueilli au sein de la Samco, dont il était le responsable, un membre de la famille de Chakib Khelil. Je m'interroge sur cette coïncidence», a relevé le conférencier. L'ancien patron de la Samco, placé à la tête de Sonatrach, a-t-il bénéficié d'une promotion pour avoir aidé Chakib Khelil dans la protection de son neveu ? Le candidat à l'élection présidentielle d'avril 2009 n'était pas en mesure d'y répondre clairement. ‘Je ne suis pas dans le secret des dieux. Je suis un homme politique. Ce qui m'intéresse, c'est que Sonatrach cesse d'être la mamelle du pouvoir. Elle appartient à tous les Algériens. Il faut qu'elle soit gérée dans la transparence', a-t-il expliqué.